Luca de Meo, directeur général du constructeur automobile Renault et président de l’Association des constructeurs européens (ACEA), a exprimé des préoccupations majeures concernant l’impact des réglementations strictes de l’Union européenne sur les ventes de véhicules électriques. Lors d’une interview accordée à France Inter, il a souligné la nécessité d’une approche plus adaptable quant au calendrier imposé pour la réduction des émissions de CO2, un point crucial face aux défis actuels du marché.
Les chiffres sont préoccupants. Au mois d’août, la part des ventes de véhicules électriques dans le marché automobile européen s’élevait seulement à 12,5 %, marquant une diminution de 10,8 % par rapport à l’année précédente. Cette tendance souligne un enjeu croissant : pour éviter des sanctions financières sévères, évaluées à 15 milliards d’euros, les fabricants devront réduire leur production de plus de 2,5 millions de véhicules. De Meo a expliqué que chaque voiture électrique vendue compense quatre voitures à moteur thermique en matière d’émissions, ce qui rend les objectifs de conformité d’autant plus difficiles à atteindre dans ce contexte de recul.
Le président de Renault a également mis en avant la relation intrinsèque entre les ventes de véhicules électriques et le développement de projets industriels européens liés à la fabrication de batteries. Il a averti que la stagnation des ventes électriques pourrait compromettre ces initiatives essentielles, cruciales pour l’avenir de l’industrie.
Plusieurs facteurs contribuent à ce ralentissement des ventes, selon De Meo. Les prix des véhicules électriques demeurent élevés, et l’infrastructure de recharge avance à un rythme insuffisant. De plus, l’incertitude entourant les subventions à l’achat, notamment celles disparues en décembre dernier en Allemagne, a eu un effet dévastateur sur la demande. Le dirigeant a exprimé un besoin urgent de stabilité et de clarté dans les politiques de soutien, en particulier à l’approche du budget français pour 2025, qui pourrait envisager des réductions des aides.
La situation actuelle illustre la crise que traverse l’industrie automobile européenne, confrontée à une concurrence de plus en plus féroce, notamment de la part des fabricants chinois. Dans ce cadre, Volkswagen, le plus grand constructeur automobile européen, a annoncé son intention de mettre en place un plan d’économies significatif, susceptible d’entraîner des fermetures d’usines en Allemagne. En revanche, Renault se trouve dans une position relativement meilleure, ayant déjà entrepris des mesures d’austérité, comme l’a précisé De Meo : « Il y a quelques années, nous avons dû réduire notre capacité de production de plus d’un million de véhicules. »
Face à ces défis, le message de Luca de Meo est clair : l’industrie automobile européenne a besoin d’une flexibilité accrue pour naviguer dans un environnement économique en mutation rapide et pour garantir un avenir durable à la fois pour les fabricants et pour les consommateurs.