La banque en ligne Ma French Bank, filiale du groupe La Poste, cessera ses activités d’ici l’été 2025. Cette décision affecte environ 675 000 clients qui devront transférer leurs comptes vers d’autres établissements. L’annonce s’inscrit dans une tendance plus large de consolidation du secteur bancaire français, avec trois fermetures d’établissements enregistrées cette année.
Créée en juillet 2019, Ma French Bank visait une clientèle jeune et adepte du numérique avec son offre 100% digitale. Malgré des tarifs compétitifs, incluant une carte bancaire gratuite, l’entreprise n’a pas atteint ses objectifs de croissance. La banque tablait sur un million de clients d’ici 2025, mais n’en a conquis que les deux tiers. Cette performance insuffisante, couplée à une rentabilité décevante, a conduit La Poste à mettre fin à cette initiative de diversification.
La fermeture de Ma French Bank illustre les défis auxquels sont confrontées les néobanques dans un marché français saturé. Malgré l’attrait initial pour les services bancaires entièrement numériques, la concurrence intense et les coûts d’acquisition élevés des clients rendent difficile l’atteinte d’une masse critique rentable.
Le processus de fermeture a débuté en juin, avec l’envoi de courriers informant les clients des procédures à suivre. La banque restera opérationnelle jusqu’à l’été 2025, laissant amplement le temps aux titulaires de comptes de prendre leurs dispositions. La Banque Postale, maison-mère de Ma French Bank, propose une offre de transfert assortie d’avantages, mais les clients sont libres de choisir n’importe quel autre établissement bancaire.
Cette fermeture s’ajoute à celles d’HSBC France et d’Orange Bank, portant à près de deux millions le nombre de Français contraints de changer de banque cette année. Ce phénomène reflète une recomposition du paysage bancaire français, où les acteurs traditionnels et les nouveaux entrants cherchent à optimiser leurs modèles économiques face à la pression réglementaire et à la transformation numérique du secteur.
L’échec de Ma French Bank souligne également les limites de la stratégie de diversification de La Poste. Le groupe, historiquement centré sur la distribution de courrier, peine à trouver des relais de croissance rentables dans un contexte de déclin structurel de son activité principale.
Pour le secteur bancaire dans son ensemble, ces fermetures successives posent la question de la viabilité des modèles bancaires purement numériques en France. Si ces offres répondent à une demande réelle, notamment chez les jeunes consommateurs, elles peinent à générer des revenus suffisants pour couvrir leurs coûts opérationnels et d’acquisition de clientèle.
Les régulateurs financiers suivent attentivement ces évolutions, veillant à ce que les fermetures d’établissements se déroulent sans heurts et sans impact négatif pour les consommateurs. La Banque de France et l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ont mis en place des procédures spécifiques pour encadrer ces opérations et protéger les intérêts des clients.