Tandis que la zone euro est confrontée à un épisode de « mauvaise » inflation liée à des chocs sur l’économie mondiale, la BCE veut éviter que celle-ci ne devienne « dangereuse »
, a affirmé mercredi Fabio Panetta, un membre de son directoire.
« La mauvaise inflation pourrait devenir une inflation dangereuse si des tensions haussières persistantes sur les prix désancraient les anticipations d’inflation », en les éloignant de l’objectif de 2% visé par la Banque centrale européenne à terme, « et déstabilisaient les mécanismes de fixation des salaires et des prix », a affirmé le dirigeant lors d’un discours donné à Science Po.
Par « mauvaise » inflation, M. Panetta fait référence à une hausse des prix liée à une offre insuffisante, à l’œuvre actuellement sur les prix de l’énergie, ainsi qu’à des effets de comparaison avec l’an dernier où les cours du pétrole s’étaient effondrés.
La progression des prix est surveillée comme le lait sur le feu à l’échelle internationale, particulièrement aux Etats-Unis où elle a atteint 6,2% en octobre. En zone euro elle a culminé à 4,1% pour le même mois, un plus haut en plus de treize ans.
Garants de la stabilité des prix, les banquiers centraux craignent surtout que les salariés réclament des hausses généralisées de rémunération pour y faire face, et que les entreprises répercutent ces hausses sur leurs prix de vente, enclenchant une spirale inflationniste très difficile à contenir.
« Nous ne devons pas négliger les risques pesant sur l’inflation à moyen terme, puisque les forces à l’origine de son accélération actuelle pourraient s’avérer plus persistantes qu’attendu », observe Fabio Panetta.
Le dirigeant réaffirme toutefois que les facteurs actuels devraient être « purement temporaires » et que les tensions sur les salaires sont pour l’instant « modérées ».
De ce fait, Fabio Panetta appelle à la « patience » face à la hausse des prix, notant qu’un resserrement trop rapide de la politique monétaire de la BCE par le biais d’une hausse de taux pourrait risquer de faire déraper la fragile reprise économique à l’œuvre sur le Vieux continent.
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a appelé il y a quelques jours à ce que l’institution reste « patiente et persistante », face à l’inflation, en clair ne pas serrer trop vite la vis monétaire en espérant que cela atténuera la hausse des prix.
« Pour l’heure, l’orientation de notre politique doit rester axée, par le biais de l’ensemble de nos instruments, sur la cible d’un retour durable de l’inflation vers notre objectif de 2% à moyen terme », a encore affirmé M. Panetta.