La financiarisation de la sécurité sociale est un phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années, affectant le secteur privé et le secteur public.
Le principal lieu de la financiarisation de la sécurité sociale est la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES), créée en 1996 par le gouvernement d’Alain Juppé. Auparavant, lorsque la sécurité sociale enregistrait des déficits, il y avait principalement deux options : augmenter les taux de cotisation ou emprunter de l’argent auprès de la Caisse des dépôts et consignations, qui est un crédit public garanti par l’État. La création de la CADES a permis de mettre en place une troisième option : l’utilisation de produits financiers tels que des obligations pour gérer la dette de la sécurité sociale. Cependant, cette approche a également exposé la sécurité sociale aux risques financiers du marché, ce qui peut avoir des conséquences néfastes en cas de crise économique.
La CADES bénéficie des ressources liées à la création de la Contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS) et d’une partie de la Contribution sociale généralisée (CSG). Cela lui permet d’émettre des titres de créance sur les marchés financiers, rémunérant les prêteurs avec un taux d’intérêt dépendant de l’évaluation de la qualité de la dette par le marché. Le gouvernement vise à discipliner l’institution en la reliant aux marchés et à informer les contribuables de leur rôle dans la gestion de la dette sociale en utilisant ces contributions. Cependant, cette évolution a coûté beaucoup d’argent et n’a pas permis de régler les déficits de la sécurité sociale. En outre, la financiarisation de la sécurité sociale a abouti à l’adoption de politiques d’austérité budgétaire qui ont eu un impact négatif sur les services publics et les personnes les plus vulnérables de la société. Il est donc important de continuer à surveiller l’utilisation de la CADES et de trouver des alternatives pour gérer la dette de la sécurité sociale de manière juste et équitable.