Le débat sur la fiscalité des milliardaires en France suscite des controverses, avec des affirmations divergentes quant à la position du pays en tant que paradis fiscal pour les riches. Des informations récentes ont révélé un taux d’impôt de 2% sur le revenu pour les plus riches, tandis que d’autres sources, dont le cabinet de Bruno Le Maire à Bercy, ont souligné un taux plus élevé de 26% pour 75 milliardaires identifiés.
Le directeur de l’IPP, Antoine Bozio, clarifie cette discordance en soulignant que le chiffre de 2% concerne exclusivement l’impôt sur le revenu, éludant ainsi la complexité de la situation fiscale des ultrariches. Bozio explique que, selon leur étude, ces individus paient principalement des impôts sur les sociétés, avec un taux global de 26%, réparti essentiellement sur les bénéfices de leurs entreprises. Cela met en lumière une réalité fiscale où le système actuel se révèle “régressif” pour les plus fortunés, les soumettant à une taxation bien moindre que celle de la majorité de la population.
Bien que la méthodologie des économistes ait été critiquée, elle met en évidence le fait que de nombreuses grandes fortunes échappent pratiquement à l’impôt sur le revenu, le plus progressif. Les milliardaires peuvent accumuler des dividendes dans des holdings, bénéficiant ainsi d’une quasi-exonération d’impôts.
Cette situation a suscité des critiques, notamment de l’économiste Gabriel Zucman, qui dénonce une “faillite dramatique” de l’impôt sur le revenu en France. Il souligne que le taux d’IR des milliardaires français est proche de zéro, évoquant une situation semblable à celle d’un paradis fiscal. Les implications de cette faiblesse des impôts sur le revenu sont discutées en lien avec l’explosion de la richesse des milliardaires en France.
Face à cette réalité, des propositions de réforme voient le jour, avec des appels à une taxation mondiale des plus fortunés. La députée européenne Aurore Lalucq et l’économiste Gabriel Zucman ont lancé un appel pour un impôt mondial sur les ultrariches, soutenu par des eurodéputés et des économistes renommés. Le président Emmanuel Macron envisage également un ISF mondial, marquant un changement de cap après la suppression partielle de l’ISF en France.
Cependant, la complexité de la taxation des ultrariches, associée à des obstacles constitutionnels, soulève des défis importants. Des voix, notamment celles de certains économistes, mettent en garde contre les conséquences négatives d’une taxation des profits non distribués des entreprises détenues par les milliardaires.
Au-delà de ces défis, des discussions émergent sur la possible taxation des holdings, similaire à la pratique aux États-Unis. Cependant, les directives européennes compliquent cette option, soulignant les difficultés techniques inhérentes à la mise en œuvre de réformes fiscales d’une telle envergure.
Aux États-Unis, le débat sur la taxation des riches fait rage, avec des taux d’impôts sur le revenu quatre fois plus élevés qu’en France pour les 400 milliardaires. Néanmoins, la situation américaine présente également des paradoxes, certains riches plaidant en faveur d’une taxation plus élevée. Ces réalités internationales ajoutent un contexte global à la discussion sur la fiscalité des milliardaires en France.