La Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) a en effet annoncé jeudi la réouverture d’un des principaux champs pétroliers du sud-ouest du pays. Ajoutant que la production allait reprendre dans les deux jours.
Levée de la force majeure
La NOC a fait état de “la levée de l’état de force majeure, décrété le 23 février 2018, du champ al-Fil”, géré par “Mellitah Oil and Gas” une joint-venture de la NOC et du géant pétrolier italien ENI.
Invoqué dans des circonstances exceptionnelles, l’état de force majeure permet une exonération de la responsabilité de la compagnie en cas de non-respect des contrats de livraison de pétrole.
La compagnie pétrolière libyenne a par ailleurs précisé que la production du puits d’El-Feel devrait reprendre dans 48 heures, en vue d’assurer “50.000 barils par jour (b/j), puis 72.000 b/j trois jours plus tard.
Négociations salariales
Le pompage du champ pétrolier situé dans le bassin de Murzuq (200 km au sud-ouest de Sebha) avait dû être stoppé suite à la grève des Gardes des installations pétrolières (GIP), lesquels revendiquaient des hausses salariales et des avantages sociaux. Au final, la NOC aura négocié leur retour au travail.
Reprise des exportations pétrolières
A noter que cette annonce intervient alors que la veille, la NOC avait annoncé la reprise des exportations pétrolière depuis les terminaux du “Croissant pétrolier”, situé dans le nord du pays. Celle-ci faisant suite à plus de deux semaines d’arrêt engendré par un bras de fer entre autorités politiques rivales sur la gestion des revenus pétroliers.
Rappelons à cet égard que depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est toujours plongée dans le chaos. Elle est en effet
dirigée par deux entités rivales : le Gouvernement d’union nationale (GNA, basé à Tripoli) – reconnu par la communauté internationale – et un cabinet parallèle installé dans l’est du pays, soutenu par le maréchal Haftar.
Mais, mercredi, le Maréchal Khalifa Haftar a restitué la gestion des terminaux pétroliers de l’Est libyen à la Compagnie Nationale de Pétrole (NOC), la seule institution reconnue par la communauté internationale, une décision qui permettra de reprendre les exportations du brut libyen dont la suspension depuis deux semaines avait perturbé les marchés.
La NOC a ainsi annoncé mercredi 11 juillet la reprise des opérations de production, de maintenance et d’exportation dans les champs et les ports pétroliers de Ras Lanouf, al-Sedra, al-Hariga et Zouetina “dans les prochaines heures”.
La compagnie a ainsi précisé dans un communiqué “la levée de l’état de force majeure” après “la remise des installations” par les forces de l’ALN, l’Armée de Libération Nationale autoproclamée par le maréchal Haftar. La compagnie nationale pétrolière a par ailleurs confirmé la reprise des exportations à des niveaux normaux.
“NOC et ses filiales se concentrent sur la mise en oeuvre des opérations, pour maximiser la production et surmonter les obstacles et les pertes subies pendant la crise des quatre dernières semaines”, précise également le communiqué.
Des raids terroristes réalisés sur ces installations auquel s’est rajouté par la suite un blocage des installation par l’Armée nationale libyenne (ANL) ainsi que la prise de contrôle par Haftar avait stoppé toute exportation et production des champs pétroliers depuis deux semaines.
Fin juin, le maréchal Haftar avait lancé des opérations militaires qui ont en effet abouti à la prise de contrôle des principaux terminaux du croissant pétrolier.
Hostile au pouvoir reconnu par l’ONU, l’ANL revendiquait plus de transparence et une répartition équitable des revenus pétroliers entre les camps qui se partagent le pays de l’ouest à l’est. Le maréchal Haftar indiquait parallèlement qu’une partie de cette manne pétrolière finançait des groupes armés, tels ceux qui ont attaqué en juin 2018 deux terminaux pétroliers.
Pour justifier sa prise de contrôle, l’homme fort de l’Est libyen avait notamment indiqué qu’une partie des revenus de l’or noir du pays servait à financer des groupes djihadistes contre lesquels il mène une guerre farouche.
La communauté internationale avait toutefois réfuté ces arguments et exigé du maréchal de rendre la gestion des terminaux à la NOC, seule organe de Libye apte à gérer les exportations de brut dans le pays. Au final, le maréchal Haftar se sera plié à ces exigences, redoutant des représailles de la part de l’ONU.
Après la promesse faite par Mustafa Sanalla, président de la NOC qu’un comité technique indépendant, sous supervision de l’Onu, allait vérifier tous les comptes et les transactions, l’ANL lui aura finalement redonné les clefs des terminaux pétroliers. Dépendant du gouvernement de Tripoli, la compagnie exploite les raffineries et doit assurer un partage des revenus entre les deux factions rivales.