La Russie enregistre une croissance économique significative malgré les sanctions

En 2024, la Russie a connu une expansion de son produit intérieur brut (PIB) de 4,1 %, légèrement supérieure aux prévisions officielles de 3,9 %, selon le Premier ministre Mikhaïl Michoustine. Le PIB national a atteint un niveau record de 200 000 milliards de roubles (environ 2 060 milliards de dollars). Le président Vladimir Poutine a qualifié ces résultats de « bons » et « satisfaisants », tout en exprimant le souhait de réduire le taux d’inflation de 9,5 % observé en 2024.

Cette performance économique intervient dans un contexte où la Russie fait face à des sanctions imposées par les nations occidentales en réponse à son intervention en Ukraine. Ces mesures restrictives visaient à limiter les capacités financières de Moscou, notamment en réduisant ses revenus issus des exportations d’hydrocarbures. Traditionnellement orientées vers les marchés européens, les exportations russes ont été redirigées vers d’autres partenaires commerciaux, principalement l’Inde, la Chine et la Turquie, souvent en consentant à des réductions de prix significatives.

L’un des moteurs principaux de cette croissance a été l’augmentation substantielle des dépenses militaires. En 2024, le budget alloué à la défense et à la sécurité a représenté environ 8,7 % du PIB, une proportion inédite depuis la dissolution de l’Union soviétique en 1991. Cette allocation budgétaire équivaut à un tiers des dépenses publiques totales.

Selon l’économiste Vladislav Inozemtsev du Centre pour l’analyse et la stratégie en Europe, les investissements dans le complexe militaro-industriel ont contribué à hauteur de 1 % à la croissance du PIB, en incluant les effets indirects. De plus, environ 1,5 % de cette croissance est attribuable aux rémunérations et primes versées par l’État aux militaires déployés sur le front. Ainsi, les secteurs civils auraient contribué à environ 1,6 % de la croissance totale de 4,1 %.

Malgré ces indicateurs positifs, des défis économiques subsistent. L’inflation demeure élevée, atteignant 9,5 % en 2024, alimentée par une pénurie de main-d’œuvre résultant de la mobilisation militaire et de l’émigration. Cette situation oblige les entreprises à proposer des salaires plus élevés pour attirer les travailleurs, exerçant une pression supplémentaire sur les prix à la consommation. Pour contrer cette inflation, la Banque centrale de Russie a maintenu son taux directeur à 21 %, un niveau inédit depuis deux décennies, rendant les conditions de financement moins favorables pour le secteur privé.

Les perspectives pour 2025 indiquent un ralentissement de la croissance économique, avec une prévision de 1,6 % selon la Banque centrale. Les limites de la stimulation économique par les dépenses militaires deviennent apparentes, surtout face aux nouvelles restrictions internationales. Par exemple, la « flotte fantôme » de pétroliers transportant discrètement du pétrole russe pour contourner les sanctions a été récemment identifiée et sanctionnée par les autorités américaines, compliquant davantage les exportations énergétiques de la Russie.

En dépit de ces obstacles, la résilience de l’économie russe est notable. Les fondamentaux macroéconomiques restent solides, avec des entreprises généralement rentables et un budget fédéral soutenu par l’épargne domestique. Toutefois, la dépendance accrue à l’égard des dépenses militaires et les défis liés à l’inflation et aux sanctions internationales posent des questions sur la durabilité de cette croissance à moyen terme.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Veuillez entrez votre commentaire
Veuillez entrer votre nom