L’idée de l’or noir comme une arme diplomatique se profile alors que les marchés sont témoins d’une hausse des prix à la pompe, susceptible d’impacter le pouvoir d’achat et de créer des tensions politiques entre nations. Cependant, la question se pose : la Russie utilise-t-elle délibérément le pétrole comme moyen de maintenir des tensions inflationnistes en Europe ? La réponse réside dans le fait que Moscou, avant tout, veille à ses propres équilibres budgétaires et finances publiques.
Moscou annonce une réduction volontaire de sa production pétrolière, en tandem avec d’autres membres de l’Opep+, dont l’Arabie saoudite, dans le but de soutenir la stabilité des cours et rééquilibrer le marché. Cette stratégie repose sur le principe simple de raréfaction de l’offre pour maintenir des prix élevés, conformément à l’adage “tout ce qui est rare est cher”.
Alors que l’économie russe est tournée vers un effort de guerre en soutien à l’offensive en Ukraine, les revenus issus de la vente d’hydrocarbures demeurent cruciaux pour Moscou. La Russie cherche ainsi à maximiser les profits tirés de sa rente pétrolière, tout comme les autres membres de l’Opep qui, bien qu’épargnés par la guerre, dépendent également de ces revenus.
La création de l’Opep+ en 2016, regroupant les principaux producteurs de brut et la Russie, visait à stabiliser les cours du baril face à la montée en puissance de la production américaine de pétrole de schiste. Malgré les chocs successifs, de la crise Covid à la transition écologique, la demande mondiale de pétrole diminue, impactant les perspectives de rente pétrolière de la Russie et des autres exportateurs. Face à cette réalité, la Russie maintient ses coupures volontaires, anticipant les évolutions futures du marché pétrolier. Bien que l’effet direct sur les prix à la pompe ne soit pas immédiat, les marchés restent attentifs aux décisions de l’Opep+ dans un monde pétrolier en constante évolution.