Lactalis rachète Leerdammer à Bel

Le géant du lait Lactalis poursuit son expansion planétaire et s’apprête à faire son entrée dans le paysage hollandais du fromage en rachetant la marque Leerdammer au groupe Bel, qui végétalise son portefeuille de produits.

Les deux groupes ont annoncé vendredi être entrés en négociations exclusives pour la reprise par Lactalis de la marque Leerdammer, ainsi que des filiales Bel Italie, Bel Allemagne, Royal Bel Leerdammer aux Pays-Bas et Bel Shostka en Ukraine. L’ensemble du périmètre cumulait en 2020 environ 500 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Pour régler cette opération, soumise à l’aval des autorités de la concurrence, Bel doit récupérer 1.591.472 actions Bel détenues jusque-là par Lactalis, soit environ 23% de son capital, Lactalis conservant un peu moins de 1% des actions.

Au cours actuel, cela représente “à peu près 600 millions d’euros”, a déclaré à l’AFP le président de Lactalis, Emmanuel Besnier.

A l’issue de cette opération, Bel a l’intention de se retirer de la cote.

Bel veut déposer une offre publique de rachat d’actions (OPRA) à un prix de 440 euros par action. La holding familiale Unibel a elle l’intention de “déposer un projet d’offre publique de retrait suivie d’un retrait obligatoire (OPR-RO) auprès de l’AMF sur le solde des titres Bel”, a indiqué Bel.

“On était un actionnaire non impliqué dans la gestion donc on préfère finalement avoir l’opportunité de développer une belle marque et de beaux actifs de Bel. Cela permet à Bel de développer sa stratégie, c’est un accord qui est équilibré pour les deux”, a expliqué le patron de Lactalis.

Le périmètre cédé “représente plus de 900 personnes et quatre sites de production entre la Hollande et l’Ukraine”, a précisé M. Besnier, soulignant que Lactalis était jusqu’ici uniquement “présent commercialement” aux Pays-Bas, pays pourtant réputé pour sa “très forte culture laitière et fromagère”.

Le groupe disposerait ainsi de trois sites de production dans le fief du gouda, représentant une collecte annuelle d’environ 700 millions d’euros de litres de lait.

La transaction “nous permettra de bénéficier d’une nouvelle flexibilité pour financer notre croissance future”, a affirmé à l’AFP le vice-président de Bel, Frédéric Médard.

Lactalis pas rassasié

Cette annonce fait ressortir les stratégies divergentes des deux groupes.

Lactalis, qui revendique la place de premier groupe laitier mondial (20 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2019, dernier montant connu) et la commercialisation de ses produits dans 180 pays, poursuit une politique résolue de croissance externe.

Le groupe a ainsi récemment racheté la société canadienne Ultima Foods, lui permettant de devenir “n°1 du yaourt bio au Canada”. Et espère que les autorités de la concurrence valideront bientôt son acquisition de la division fromages du géant américain Kraft Heinz, une transaction à 2,7 milliards d’euros.

Son appétit n’est pas freiné par la pandémie de Covid-19.

C’est “une période compliquée pour la gestion de nos affaires” mais “on a la chance d’être dans une activité qui continue de fonctionner en termes opérationnels, on est dans les produits essentiels”, constate le président de Lactalis.

Pour Bel (3,45 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020), l’opération s’inscrit dans une stratégie de réduction de la part des produits d’origine animale dans son portefeuille.

Le groupe est à l’origine un fromager avec les marques Vache qui rit, Babybel, Boursin. Mais il a pris un tournant végétal en 2016 avec l’acquisition du spécialiste des compotes Mont Blanc Materne (MOM: marques Pom’Potes, GoGo squeeZ, Materne et Mont Blanc).

“Nous avons pour ambition de poursuivre notre développement dans nos trois territoires complémentaires, que sont le lait, qui fait partie de notre ADN depuis plus de 150 ans, le fruit et le végétal”, souligne le vice-président de Bel.

“Nous confirmons à ce titre cibler à moyen terme l’équilibre entre le laitier d’une part et le fruit et le végétal de l’autre”, ajoute M. Médard.

Selon lui, “il s’agit d’une évolution parfaitement logique au regard des tendances de consommation actuelles qui émergent dans le cadre de la transition alimentaire”.

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