par Pascale Denis
PARIS, 10 février (Reuters) – Lanvin, en situation financière critique, est en discussions avec le conglomérat chinois Fosun et le fonds qatari Mayhoola, tous deux intéressés par une prise de participation majoritaire dans la maison de couture française, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier.
“Fosun et Mayhoola veulent reprendre l’entreprise mais la propriétaire n’a pas encore tranché. Les discussions se poursuivent”, a dit une des sources.
Les négociations devraient cependant déboucher rapidement, car la société sera à court de liquidités à la fin du mois de février, a précisé une autre source.
Reuters avait révélé que la situation financière critique de la griffe avait incité le commissaire aux comptes à alerter le tribunal de commerce de Paris, que ses ventes étaient en chute libre et que sa trésorerie s’élevait à 15,9 millions d’euros à la fin décembre 2017. et
Le fonds qatari, propriétaire de Valentino et Balmain, avait déjà souhaité racheter Lanvin en 2014 pour environ 400 millions d’euros, offre qui avait alors été rejetée par sa propriétaire, la femme d’affaires chinoise Shaw-Lan-Wang, qui détient 75% du capital de la griffe.
“Il est clair qu’avec l’évolution de la situation, le montant ne sera pas le même”, selon une des sources, qui a précisé que l’homme d’affaires suisse Ralph Bartel, détenteur du solde du capital, souhaitait rester actionnaire.
Les équipes de Fosun, propriétaire du Club Méditerranée, visitent ce week-end les ateliers de couture, a encore indiqué une des sources.
Dans ce contexte, Michèle Huiban, ancienne directrice générale remplacée en novembre dernier par Nicolas Druz, un proche de Shaw-Lan-Wang, est sur le départ.
Personne n’était joignable dans l’immédiat auprès de Lanvin, Fosun ou Mayhoola pour commenter ces informations.
Pour relancer la griffe, dont les ventes ont chuté de 33% en 2017 après un plongeon de 23% en 2016 et dont les pertes 2017 devraient dépasser les 30 millions d’euros, le repreneur devra procéder à une très large refonte de la stratégie et recruter un designer talentueux pour lui rendre son lustre perdu, souligne un professionnel du secteur.
Après le départ de son couturier vedette Alber Elbaz, en 2015, les collections de la styliste Bouchra Jarrar n’ont pas réussi à convaincre.
Le remplacement de celle-ci en juillet 2017 par Olivier Lapidus, connu pour avoir dessiné des meubles pour le soldeur Gifi ou des robes de mariée pour la marque Pronuptia, avait été perçu dans le secteur comme une menace pour le positionnement et l’image de luxe de la plus ancienne maison de couture française encore en activité.
Selon le site Fashion Network, Alber Elbaz a obtenu dix millions d’euros de dommages et intérêts dans le contentieux qui l’opposait à Lanvin sur les conditions de son départ. (Avec Sarah White, édité par Jean-Michel Bélot et Emmanuel Jarry)