Dans un contexte de forte pression inflationniste et de crise du logement, le gouvernement minoritaire canadien de Justin Trudeau a dévoilé son budget fédéral 2024-2025, tablant sur des mesures destinées à séduire l’électorat jeune. Cependant, les réactions mitigées de nombreux membres de la génération Z et des millennials laissent entrevoir un fossé entre leurs attentes pressantes et les propositions budgétaires jugées insuffisantes.
Avec un déficit persistant et des dépenses colossales en matière de défense et de logement, le volumineux budget de 366 milliards d’euros vise à s’attaquer à la crise du logement en finançant la construction de près de 4 millions de nouveaux logements d’ici 2031. Pour faciliter l’accession à la propriété, particulièrement difficile pour les jeunes, le gouvernement prolonge la durée maximale des prêts hypothécaires à 30 ans, augmente le plafond de retrait du régime d’accession à la propriété de 35 000 à 40 800 euros, et prend en compte le paiement des loyers dans le calcul de la cote de crédit, un facteur clé pour obtenir un prêt immobilier.
Sur le plan de l’éducation, domaine cher aux jeunes, des hausses substantielles des bourses et des prêts étudiants sont annoncées, dans l’espoir de reconquérir les faveurs d’un électorat jeune qui a largement contribué à la victoire de Trudeau en 2015, mais qui s’est depuis détourné de son parti libéral selon les plus récents sondages.
Malgré ces mesures ciblées censées séduire la génération Z et les millennials, de nombreux jeunes Canadiens restent sceptiques quant à l’efficacité réelle de ces initiatives. Maria Reynolds, une milléniale spécialiste en marketing, déplore ainsi l’absence de mesures concrètes à court terme pour soulager le portefeuille des ménages face à l’inflation galopante. “C’est un peu décevant. Je ne vois rien qui pourrait nous toucher directement dans l’immédiat”, a-t-elle déclaré à la chaîne CTV News.
Son mari, Adam, plombier de métier, abonde dans le même sens en soulignant que les priorités des jeunes ménages demeurent la hausse vertigineuse des prix de l’épicerie, de l’essence et des services publics essentiels. À l’autre bout du pays, au Nouveau-Brunswick, Patti Hollenberg, propriétaire d’une pâtisserie à Fredericton, évoque un “point de rupture” où les entrepreneurs se retrouvent au statut de “travailleurs pauvres” en raison de l’augmentation constante des coûts de base comme les denrées alimentaires, les taxes foncières, les services publics et les salaires.
Les analystes soulignent que ce budget fédéral, à l’instar des précédents, ne prévoit aucun retour à l’équilibre budgétaire, une situation dénoncée par les conservateurs qui jugent que les libéraux “n’ont aucun intérêt ni plan pour retrouver un jour l’équilibre budgétaire”. Certains observateurs y voient une tentative désespérée du gouvernement Trudeau de regagner la faveur des jeunes électeurs, qui selon les plus récents sondages se détournent en nombre du Parti libéral au profit des conservateurs, en vue des élections générales prévues en 2025.
Quoi qu’il en soit, malgré les critiques virulentes des partis d’opposition, le budget devrait être adopté grâce à l’alliance de gouvernance conclue entre les libéraux et le Nouveau Parti Démocratique (NPD), ouvrant ainsi la voie à la prochaine phase du cycle politique mouvementé qui mènera aux prochaines élections générales très attendues. Le gouvernement de Justin Trudeau mise sur ce budget pour tenter de reconquérir les faveurs de la génération montante, qui pourrait bien faire pencher la balance électorale d’un côté comme de l’autre.