Après un exercice 2020 sens dessus dessous, assureurs et mutuelles voient leurs dépenses repartir en flèche et leur équilibre financier « se dégrader fortement », de l’ordre de 900 millions d’euros au premier semestre, selon une note consultée par l’AFP.
A quelques semaines de la présentation du budget de la Sécu, les complémentaires santé ont fait leurs comptes. Entre le premier semestre 2019 et le premier semestre 2021, leurs dépenses ont augmenté de 1,45 milliard d’euros, quand leurs recettes ont progressé de 550 millions.
« L’équilibre financier se dégrade fortement », affirment les fédérations des mutuelles (FNMF), assureurs (FFA) et institutions de prévoyance (CTIP), dans ce document remis la semaine dernière au ministère de la Santé.
Le résultat selon elles « d’effets reports des moindres dépenses de 2020 », surtout pour les soins dentaires (+958 millions) et auditifs (+278 millions).
Un argument censé dissuader le gouvernement d’alourdir la surtaxe Covid imposée l’an dernier, précisément pour compenser ces « moindres dépenses ». Un milliard a déjà été prélevé fin 2020 et un solde de 500 millions est prévu cette année.
Un montant finalement proche des 1,9 milliard d’euros non déboursés l’an dernier, auxquels il faut retrancher 300 millions liés à la réforme de la « complémentaire santé solidaire », toujours d’après les fédérations.
Contactée par l’AFP, la directrice générale de la Mutualité française, Séverine Salgado, estime que la taxe n’était finalement « pas si mal calibrée », même si elle n’a « pas changé d’avis » sur son caractère « injuste et injustifié ».
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« Certaines mutuelles pourront l’absorber, mais celles qui avaient déjà un équilibre fragile devront peut-être augmenter leurs cotisations », prévient-elle.
L’équation est encore compliquée par l’envolée des arrêts de travail, qui a fait bondir les dépenses de prévoyance des complémentaires de 1,1 milliard d’euros en 2020, provoquant là aussi « une nette dégradation » comptable selon les trois fédérations.
« Cette tendance se poursuivrait » début 2021, ajoutent-elles, comme pour exorciser la tentation de l’exécutif de leur en réclamer davantage.