Selon un nouveau rapport publié par le Fonds, l’endettement global s’élevait à la fin 2015 à 152.000 milliards de dollars en dehors du secteur financier, soit 255% du produit intérieur mondial exprimé en nominal.
« De hauts niveaux de dette sont coûteux parce qu’ils conduisent souvent à des récessions financières qui sont plus marquées et plus longues que les récessions normales », a estimé pour sa part Vitor Gaspar, directeur du département des affaires budgétaires au FMI.
Cette flambée de l’endettement est la conséquence de la véritable boulimie d’emprunt qui a frappé le secteur privé, ce dernier surfant royalement sur la vague de « l’argent pas cher », courant alimenté par les politiques monétaires ultra-accommodantes des grandes banques centrales.
Mais désormais, à l’heure d’une croissance atone, cet endettement constitue un lourd handicap pour de nombreuses entreprises, notamment en Chine où la situation devient de plus en plus préoccupante.
« Une dette privée excessive constitue un grand frein à la reprise mondiale et un risque pour la stabilité financière », a estimé quant à lui M. Gaspar.
Le FMI souligne par ailleurs que les pays ont également vu leur dette publique gonfler et souffrent eux aussi de la conjoncture économique morose, ce qui restreint leur capacité à réduire ce fardeau.
Selon les nouvelles projections du FMI, la dette du Japon devrait atteindre 250% de son produit intérieur brut cette année, celle de la Grèce 183% tandis que celle de la France devrait frôler les 100%.
À la fin de l’année 2015, la dette publique de la Grèce atteignait d’ores et déjà 176% du PIB, tandis que le ratio d’endettement du Japon s’élevait à 248%. De quoi rendre quasiment impossible un remboursement.
On comprend d’autant mieux pourquoi, lors des soixante ans du Club de Paris, le 1 juillet dernier , la directrice du FMI, Christine Lagarde a appelé tous les acteurs officiels à se mobiliser pour améliorer les dispositifs de faillite des Etats. La dirigeante a pointé le problème posé par le volume monstrueux de dette souveraine ne contenant aucun bouclier contre des créanciers agressifs.
Dès le début des années 2000, l’idée de clauses d’action collective (CAC) a commencé à germer. Les instances internationales cherchaient alors des moyens pour mieux protéger les Etats surendettés contre des créanciers procéduriers du type fonds « vautours », capables d’échapper à toute initiative collective d’effacement de dette.
Fin 2014, le directeur juridique du FMI insistait d’ores et déjà quant à lui sur la nécessité d’agir également sur la dette plus ancienne. « Nous avons un stock d’obligations souveraines (d’une valeur de 900 milliards de dollars) qui ne contient pas les nouvelles clauses (CAC renforcées), dont une grande part ne va pas expirer avant 10 ans », s’alarmait alors Sean Hagan, dans une note, mettant en garde contre les risques liés à cette dette « héritée » (legacy bonds) dans le cas où des restructurations s’imposeraient.
Sources : Les Echos, Fmi, Reuters, AFP
Elisabeth Studer – 05 octobre 2016 – www.leblogfinance.com
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