L’ancien dirigeant de Terraform Labs, Do Kwon, a été extradé vers les États-Unis après une cavale de plus de 18 mois. Ce dernier, qui a vu son entreprise liée à l’effondrement des cryptomonnaies TerraUSD et Luna, a comparu devant un tribunal de Manhattan ce jeudi, où il a plaidé non coupable aux accusations de fraude criminelle. Cet événement fait suite à un crash dévastateur des cryptomonnaies en 2022, estimé à 40 milliards de dollars.
En mai 2022, la stablecoin TerraUSD, supposée être adossée à une valeur stable d’un dollar, a perdu son ancrage, entraînant une chute vertigineuse de sa valeur ainsi que de celle de Luna, le jeton associé. La perte totale a été estimée à 40 milliards de dollars, affectant gravement les investisseurs, tant particuliers qu’institutionnels. Ce fiasco a révélé les failles dans les mécanismes de soutien aux cryptomonnaies et a exacerbé les craintes concernant la stabilité du marché des actifs numériques.
Do Kwon, qui avait cofondé Terraform Labs à Singapour, a joué un rôle central dans l’élaboration de ces cryptomonnaies. Le succès initial de TerraUSD et Luna avait suscité l’enthousiasme de nombreux investisseurs, attirés par les promesses de rendements élevés. Toutefois, les accusations contre lui suggèrent que les fondations de ces projets étaient loin d’être solides.
Jeudi, lors d’une audience à Manhattan, les procureurs fédéraux ont dévoilé une mise en accusation à neuf chefs d’accusation à l’encontre de Do Kwon. Ce dernier est accusé de fraude sur titres, fraude électronique, fraude sur les matières premières et complot en vue de blanchir de l’argent. Les autorités allèguent que M. Kwon a induit les investisseurs en erreur en 2021 en leur faisant croire que l’algorithme de “Terra Protocol” avait restauré la valeur de TerraUSD lorsqu’elle avait chuté en mai de la même année. En réalité, M. Kwon aurait secrètement coordonné l’achat massif de tokens par une société de trading haute fréquence pour soutenir artificiellement leur prix.
Ce type de tromperie aurait conduit à une surévaluation de Luna, dont la valeur aurait atteint 50 milliards de dollars au printemps 2022, selon les procureurs. La mise en accusation souligne que cette croissance s’est produite en grande partie grâce aux fausses informations diffusées par M. Kwon concernant Terraform Labs et ses technologies.
Après l’effondrement des cryptomonnaies, Do Kwon a disparu, déclenchant une traque internationale. Ce n’est qu’en mars 2023 qu’il a été arrêté au Monténégro, alors qu’il tentait de s’envoler pour Dubaï avec des documents falsifiés. Bien qu’aucun traité d’extradition n’existe entre le Monténégro, les États-Unis et la Corée du Sud, les autorités monténégrines ont donné leur accord pour son extradition vers les États-Unis en décembre 2024, après que Do Kwon ait accepté ce transfert.
Lors de son audience, M. Kwon a été informé des accusations à son encontre et a accepté de se rendre de nouveau devant le tribunal le 8 janvier 2025. En attendant, il restera en détention après que son avocat, Andrew Chesley, ait renoncé à demander une libération sous caution.
L’affaire Do Kwon a mis en lumière les risques liés aux cryptomonnaies et la nécessité d’une régulation plus stricte de ce marché, encore largement hors de contrôle. Les accusations à l’encontre de Do Kwon montrent comment des manipulations de marché peuvent fausser la perception des investisseurs et créer une instabilité majeure. Si certaines cryptomonnaies, comme Bitcoin, ont réussi à résister à cette tempête, d’autres, comme Luna, continuent de subir les conséquences de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le « cryptocrash » de 2022.
L’évolution de ce procès pourrait ouvrir la voie à une régulation accrue et à une surveillance plus étroite des plateformes de cryptomonnaies et des technologies financières associées. Les autorités américaines, ainsi que celles d’autres pays, continuent de surveiller de près le développement des affaires de fraude dans ce secteur en pleine expansion.