Le ministre français de l’Agriculture Julien Denormandie a dit mardi vouloir défendre au niveau européen l’obligation d’indiquer l’origine du lait et des viandes aux consommateurs, après l’annulation d’un décret suite à un recours du géant laitier Lactalis.
Le Conseil d’Etat a annulé, le 10 mars, un décret qui imposait d’indiquer l’origine du lait distribué dans le commerce, la Cour de justice de l’Union européenne ayant préalablement jugé qu’un tel étiquetage ne pouvait être obligatoire que s’il y avait un lien avéré entre les propriétés d’une denrée et sa provenance.
La juridiction avait été saisie par le groupe français Lactalis qui commercialise ses produits dans 180 pays.
« La décision politique sera toujours au-dessus des intérêts économiques. La difficulté, c’est quand la décision politique est confrontée à la parole juridique », a déclaré Julien Denormandie lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.
« Qu’une entreprise, singulièrement une entreprise française, puisse déposer un recours à la Cour de justice de l’Union européenne pour cacher l’origine des produits au consommateur – et je parle là de l’entreprise Lactalis – objectivement les bras m’en tombent », a-t-il ajouté.
Le ministre a déclaré qu’il soutiendrait, dans le cadre de l’examen du projet de loi climat, un amendement « visant à pouvoir rétablir l’origine du lait a minima (…) pour du lait venant de l’Union européenne ».
Il a aussi affirmé qu’un décret, attendu de longue date par les éleveurs français, serait « pris avant cet été » pour imposer de mentionner l’origine des viandes dans les restaurants et cantines.
« L’origine est une compétence de l’Union européenne et donc le combat est au niveau de l’Europe et le ministre que je suis, soyez en certain, portera ce combat au niveau de l’Europe », a-t-il poursuivi.
Lactalis a expliqué dans un communiqué récent que son action avait « pour seul objectif de permettre aux producteurs français de continuer d’exporter leur lait en Europe sans être pénalisés par des réglementations nationales et de maintenir ainsi le volume global de la production laitière en France ».
Rappelant que la France exporte 40% de sa collecte laitière, le groupe a affirmé avoir « vu ses exportations, donc celles de ses producteurs » diminuer dans huit pays européens qui ont mis en place une réglementation imposant de mentionner la provenance.