SpaceX, la société d’Elon Musk, fait sensation dans le secteur spatial avec des chiffres impressionnants. Il est révélé que SpaceX a déjà effectué 62 lancements de ses fusées Falcon 9 et Falcon Heavy depuis le début de l’année, ce qui équivaut à près de la moitié des lancements mondiaux et à 95 % des lancements de fusées comparables occidentales. Bien que la plupart de ces lancements servent les besoins de SpaceX, notamment le déploiement de sa constellation de satellites Starlink, cette performance demeure remarquable. La société a déjà effectué plus de lancements en neuf mois que pendant toute l’année précédente. SpaceX semble en bonne voie pour atteindre ou même dépasser son objectif ambitieux de 100 lancements en une seule année.
La concurrence, pour sa part, peine à suivre. Ariane 5 est à la retraite, et sa remplaçante, Ariane 6, dont le premier vol était initialement prévu pour fin 2023, a été repoussée à 2024. Les rivaux américains de SpaceX font également face à des retards considérables. ULA, une coentreprise entre Boeing et Lockheed Martin, n’a effectué que deux lancements depuis janvier, tandis que son nouveau lanceur, Vulcan, ne sera probablement prêt qu’en fin d’année au mieux. De son côté, le New Glenn de Blue Origin (Jeff Bezos), qui était prévu pour 2020, accumule désormais près de quatre ans de retard.
Le secteur spatial russe a effectué environ une douzaine de lancements, tandis que l’Inde en a réalisé six seulement. Seuls les lanceurs chinois semblent rivaliser en termes de nombre, avec 38 lancements de fusées Longue Marche depuis le début de l’année. Cependant, en raison de la réglementation américaine ITAR, ils ne peuvent pas lancer de charges contenant des composants américains, ce qui limite leur expansion internationale.
Cette situation de quasi-monopole de SpaceX suscite des préoccupations chez les opérateurs spatiaux. Le risque de monopole présente deux problèmes majeurs : la possibilité de retards dans le lancement de satellites en raison du manque de lanceurs disponibles et une augmentation des coûts de lancement. SpaceX a déjà augmenté ses tarifs, invoquant l’inflation. En 2022, le coût de lancement d’une Falcon 9 est passé de 62 à 67 millions de dollars, tandis que celui du lanceur lourd Falcon Heavy a grimpé de 90 à 97 millions de dollars. Pour les missions de “rideshare” (lancements de multiples petits satellites), le prix au kilogramme a augmenté d’un tiers, passant de 5 000 à 6 500 dollars en deux ans.
SpaceX domine également le marché de la connectivité internet par satellite grâce à sa constellation Starlink, qui compte désormais plus de 5 000 satellites en orbite. Le nombre de clients de Starlink devrait atteindre 2,2 millions d’ici la fin de 2023, générant un chiffre d’affaires estimé à 3,2 milliards de dollars cette année. En comparaison, le plus grand concurrent, OneWeb, a réalisé 50 millions de dollars de ventes au cours des six premiers mois de l’année.
La dépendance envers SpaceX est si forte que même le gouvernement américain s’inquiète de la situation. SpaceX est devenu un fournisseur majeur de la NASA et du Pentagone. Il transporte les astronautes de la NASA vers la Station spatiale internationale, met en orbite de nombreux satellites GPS III, et développe l’atterrisseur lunaire pour les missions Artemis de retour sur la Lune. Bien que la NASA et le ministère de la Défense tentent de stimuler la concurrence (notamment avec Boeing et ULA), SpaceX demeure essentiel.
Lorsque ce quasi-monopole prendra-t-il fin ? Les experts estiment que d’ici 2025, Ariane 6 et Vulcan auront peut-être pénétré le marché avec une cadence de lancements solide. Cependant, le New Glenn de Blue Origin pourrait prendre plus de temps pour concurrencer SpaceX. SpaceX prévoit également de réduire les coûts grâce à son lanceur géant Starship, qui devrait contribuer à maintenir sa position dominante. Un deuxième vol d’essai est prévu dans les prochains jours depuis la base spatiale de Boca Chica au Texas.