Le pouvoir d’achat des cadres retraités dégringole

Attention, chantier explosif ! Préparé depuis un an et demi par le gouvernement, le big bang des retraites à points a été plusieurs fois reporté. Le Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, va présenter aujourd’hui ses recommandations, mais le projet de loi a, lui, été prudemment repoussé à la fin de l’année. Et ne devrait pas être débattu par les députés avant les élections municipales de mars 2020.

La rentrée s’annonce déjà assez chaude sur le front des retraites. Si, d’après Les Echos, le gouvernement a renoncé à accélérer le calendrier de la réforme Touraine sur l’augmentation progressive des durées de cotisation, la sous-indexation par rapport à la hausse des prix des pensions supérieures à 2.000 euros devrait bien être au menu du budget 2020 de la Sécu. Avec à la clé une économie de près d’un milliard d’euros.

Ce quasi-gel des pensions supérieures à 2.000 euros sera un nouveau coup dur porté au portefeuille des cadres retraités. Il vient s’ajouter à la longue liste des gels et hausses de la CSG qu’ils ont subis ces dernières années. Au total, un ex-cadre qui a pris sa retraite en 1992 a vu son pouvoir d’achat chuter de près de 15% en vingt-huit ans. La baisse a été moins marquée pour les anciens salariés non cadres mais atteint tout de même 4% en cinq ans. 

Leçon n°1 : les cadres retraités durement frappés au porte-monnaie

Le pouvoir d’achat des cadres retraités dégringole depuis les années 1990 (-15%), alors que celui des ex-salariés non-cadres a été relativement épargné (-4%). La raison : ces derniers ont bénéficié d’exonérations ou de taux réduits de CSG, tandis que les cadres ont subi de plein fouet les hausses d’impôts et des sous-indexations régulières de leurs retraites complémentaires. Les cadres retraités ont ainsi été frappés par les hausses successives de la CSG des années 1990 jusqu’en 2018. Ils ont aussi subi des gels de leurs retraites complémentaires. A euros constants, un cadre retraité qui percevait une pension équivalente à 2.500 euros en 1992 ne touchera plus que 2.133 euros en 2020.  

Leçon n°2 : les gels des pensions de base pénalisent davantage les moins aisés

Depuis cinq ans, les non-cadres retraités ont été frappés successivement par le gel des retraites complémentaires Agirc-Arrco en 2016, 2017 et 2018, puis par le gel des retraites de base en 2018. Entre 2015 et 2020, un ancien salarié non cadre à la retraite aura ainsi vu son pouvoir d’achat diminuer de 4%, soit une baisse de 40 euros sur une pension de 1.000 euros. De manière générale, le gel des pensions de base pénalisent davantage les retraités les moins aisés dont la part des pensions complémentaires pèse relativement moins dans la pension totale. A l’inverse, les ex-cadres sont plus durement touchés par le gel des retraites complémentaires.

Leçon n°3 : le niveau de vie des retraités est supérieur au niveau de vie moyen de l’ensemble des Français

Paradoxalement, le niveau de vie moyen des retraités n’a jamais été aussi élevé et représente même 105 % du niveau de vie moyen de l’ensemble de la population aujourd’hui. Explication : les retraités bénéficient de revenus complémentaires à leur pension (loyers, placements, etc.). Surtout, les nouveaux retraités sont plus nombreux et bénéficient de pensions plus élevées que leurs aînés. Les moyennes reflètent donc mal les situations individuelles. Une chose est certaine : au fil des années, le pouvoir d’achat de tous les retraités se dégrade. Selon les prévisions du Conseil d’orientation des retraites, le niveau de vie moyen des retraités représentera 90% du niveau de vie moyen de la population en 2050 et 85% en 2070. 

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