Le taux de chômage devrait grimper à 9,7% fin 2020

La fin d’année s’annonce morose, selon une dernière étude de conjoncture de l’Insee publiée le 6 octobre. Au quatrième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) français devrait rester à 5% en deçà de son niveau d’avant crise, comme pendant l’été. Ce qui fait qu’en 2020, la France aura connu une chute du PIB de 9%. “Une situation inédite” depuis la fin de la seconde guerre mondiale, souligne Julien Pouget, directeur du département Conjoncture de l’Insee.

Contraction du PIB de 9% en 2020

Certes, l’évolution des mesures de protection contre la propagation du virus pèseront sur l’économie, souligne le rapport de l’Insee: “un durcissement durable des restrictions sanitaires pourraient ainsi provoquer une nouvelle contraction du PIB.” A l’inverse, l’évolution du PIB pourrait s’améliorer si la situation sanitaire se stabilise. 

Une certitude demeure: la baisse de l’activité n’est pas répartie de manière homogène sur toute l’économie. Les secteurs les plus sinistrés restent les mêmes depuis le début de la crise et continuent de souffrir, contrairement à d’autres, comme le bâtiment, les activités financières et d’assurance ou l’activité immobilière, moins exposés aux restrictions liées au Covid-19, qui reprennent doucement.

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Le secteur des services à la personne est particulièrement touché. L’hôtellerie-restauration, les transports de voyageurs (surtout en avion), et les activités sportives et culturelles poursuivent leur chute au quatrième trimestre. Dans l’industrie, l’aéronautique est aussi sévèrement touchée, et ce de manière durable. Ces secteurs représentent 9% de la création de richesses dans l’économie française en 2018, et équivalent à 13% de l’emploi salarié, soit 3,3 millions de personnes en 2019. 

Un tiers d’emplois en moins dans les secteurs sinistrés

Depuis la levée du confinement, la saignée a été significative. Réunis, ces cinq secteurs ont déjà perdu 220.000 emplois salariés par rapport à l’année dernière, sur les 715.000 emplois salariés totaux perdus entre fin 2019 et octobre 2020. Un résultat qui aurait été bien pire si les mécanismes de chômage partiel n’avaient pas été activés par le gouvernement: 45% des heures d’activité partielle sont ciblées sur les secteurs durablement impactés

Evolution des pertes d’activité estimées en avril et prévues en décembre selon les secteurs. Source: INSEE

Cette hétérogénéité des secteurs se double d’une hétérogénéité d’impact sur les territoires: “l’activité touristique des résidents français a pu, cet été, retrouver voir dépasser son niveau de 2019 dans certaines régions littorales ou peu densément peuplées”, souligne Julien Pouget de l’Insee. “A l’inverse, les métropoles ont été fortement pénalisées par la forte chute du nombre de touristes étrangers”.

Dépenses touristiques par département. Source: INSEE

Une inflation atone à +0,5% en 2020

Signe infaillible d’une croissance atone, l’inflation a nettement diminué. Alors qu’elle n’était déjà pas très dynamique jusqu’au début 2020 – atteignant péniblement les 1,4% en février 2020 – l’inflation d’ensemble en septembre 2020 a atteint 1%, soit son niveau le plus bas depuis 2016. Et sur l’année globale, l’Insee table sur une inflation à +0,5%. 

La contraction de l’inflation est un symptôme de l’effondrement de la demande – et donc, en creux, du ralentissement de la croissance. En effet, c’est la baisse de la demande, surtout dans les secteurs de l’énergie pétrolière, qui a tiré les prix vers le bas. Typiquement: les prix des produits pétroliers ont baissé de 14,6% en septembre sur un an. Les prix des services ont eux aussi ralenti, pour s’établir à -3,7% sur un an en septembre.

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Si l’inflation reste généralement faible, le seul secteur qui échappe à la règle est celui des produits alimentaires, qui a connu une hausse depuis le mois de mars, et se stabilisent à +0,9% sur un an en septembre: difficultés d’approvisionnement, séances cuisine redoublées pendant le confinement… l’alimentation est des des rares secteurs qui se porte mieux.

Inflation d’ensemble et contributions par poste. Source: INSEE

Le taux de chômage atteindra 9,7% à la fin de l’année

L’emploi salarié et non salarié continuent de baisser depuis le confinement. L’Insee compte 840.000 emplois salariés et non salariés détruits par la crise – dont 715.000 dans l’emploi salarié. L’Institut prévoit un chômage à 9,7% d’ici à décembre 2020. “Le 10% n’est pas exclu”, remarque Julien Pouget.

L’Insee souligne toutefois que cette baisse, d’une ampleur inédite, “reste beaucoup plus limitée que celle de l’activité” (-13,8% au deuxième semestre). “Cette relative résistance de l’emploi “signale une importante rétention de main-d’oeuvre de la part des employeurs, permise par le dispositif d’activité partielle.”

Taux de chômage au sens du BIT. Source: INSEE

Consommation en berne à -7% en 2020

Les ménages sortent appauvris de cette crise. En moyenne sur l’année, le revenu des ménages se contracte de 0,2%, et leur pouvoir d’achat de 0,6%. En parallèle, leur consommation en prend un coup. Elle baisse de 7% sur l’ensemble de l’année par rapport à 2020: une baisse historique, souligne l’institut des statistiques publiques.

A y regarder de plus près, on constate que la consommation des ménages a toutefois rebondi depuis la fin du confinement, pour retrouver un niveau comparable – bien qu’en deçà – de leur niveau d’avant crise (-2% en août par rapport à août 2019). Mais c’est selon une logique particulière. De nombreux produits ont bénéficié d’un effet rattrapage – comme le mobilier de la maison – quand d’autres dépenses n’ont pas retrouvé leur niveau d’avant, notamment dans les secteurs soumis à restrictions.

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“La poursuite de ces restrictions, et la dissipation des effets de rattrapage par ailleurs, conduiraient au quatrième trimestre à une consommation en retrait par rapport au trimestre précédent.”

Les ménages préfèrent en effet se tourner vers l’épargne: au 4ème trimestre, 18% des revenus des ménages ont été épargnés. contre 27% au deuxième trimestre. Au total, après consommation et investissement, les Français ont épargné 110 milliards d’euros au premier semestre 2020. 
 
 

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