L’or, souvent perçu comme un refuge en temps de crise, suscite un intérêt particulier chez les investisseurs cherchant à protéger leur patrimoine. Cependant, cette perception de sécurité absolue mérite une analyse plus nuancée.
Leçon de l’histoire : l’ordre exécutif 6102
En 1929, les États-Unis plongent dans une grave crise économique. En novembre 1932, Franklin D. Roosevelt est élu président et, peu après, il signe l’Executive Order 6102 en 1933. Cet ordre oblige tous les Américains à vendre leur or physique à la banque au prix officiel de 20,67 dollars l’once, sous peine d’une amende de 10 000 dollars (environ 240 000 dollars actuels) et d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à dix ans. Cette mesure permet aux États-Unis de récupérer une grande quantité d’or, justifiant la création de la célèbre réserve de Fort Knox, rendue célèbre par le film “Goldfinger” de la série James Bond.
Par la suite, le Gold Reserve Act de 1934 entraîne une dévaluation du dollar en fixant le prix de l’or à 35 dollars l’once, léser ainsi ceux qui avaient précédemment vendu leur or au prix inférieur. Cet épisode historique démontre que des mesures confiscatoires peuvent être prises par un État en période de crise.
Considérations fiscales
En France, la fiscalité applicable à la vente d’or physique peut être dissuasive, surtout si l’acquéreur ne peut pas prouver la date et le prix d’achat. Dans ce cas, une taxe de 11,5 % sur le prix de vente s’applique, même en cas de perte. Depuis 2006, il est possible d’opter pour une taxation de la plus-value réelle, à hauteur de 36,2 %, à condition de pouvoir justifier l’achat. Cette option est plus avantageuse sur le long terme grâce à un abattement de 5 % par an après la troisième année de détention, menant à une exonération totale au bout de vingt-deux ans.
Sécurité et frais de conservation
Détenir de l’or chez soi nécessite des précautions de sécurité, comme l’achat d’un coffre-fort, ce qui peut coûter cher et n’offre pas une protection absolue contre le vol. Une alternative est de stocker l’or dans un coffre à la banque, dont la location coûte entre 90 et 150 euros par an pour un petit modèle. Cependant, cette solution peut sembler contre-intuitive pour ceux qui veulent garder leur patrimoine hors du système bancaire.
Les transactions d’achat et de vente d’or via des intermédiaires impliquent également des frais de commission non négligeables, généralement compris entre 2 % et 4 % du montant de la transaction.
L’or physique reste un placement attractif en période d’incertitude économique, mais il n’est pas exempt de risques et de contraintes. Les investisseurs doivent peser soigneusement les avantages de la sécurité perçue contre les réalités historiques, fiscales et logistiques avant de décider de détenir de l’or physique.