Les États-Unis perdent leur triple A, Fitch dégrade la note de crédit à AA+

L’agence de notation financière Fitch a annoncé une dégradation de la note de crédit des États-Unis, passant de AAA à AA+, avec une perspective « stable ». Cette décision survient suite à des impasses politiques répétées concernant le plafond de la dette et des résolutions de dernière minute qui ont miné la confiance dans la gestion budgétaire, explique Fitch Ratings. De plus, le gouvernement américain ne dispose pas d’un cadre budgétaire à moyen terme, contrairement à ses homologues, et son processus budgétaire est complexe.

La Maison-Blanche a vivement réagi en désapprouvant cette décision de Fitch. Selon elle, le modèle de notation utilisé par l’agence ne reflète pas la réalité, étant donné que la performance a évolué positivement sous l’administration actuelle, malgré une période de déclin précédente. La reprise économique sous la présidence de Biden est présentée comme l’une des plus fortes parmi les grandes économies mondiales.

Cette dégradation de la note met un frein à la communication gouvernementale qui mettait en avant les “Bidenomics”, la politique économique axée sur des incitations financières massives pour revitaliser l’industrie nationale et engager la transition énergétique.

Paul Krugman, lauréat du prix Nobel d’économie, a également exprimé son étonnement sur Twitter en qualifiant la décision de Fitch de “bizarre”. Il a soulevé la question de savoir pourquoi le problème budgétaire semble plus préoccupant cette année comparée à l’année précédente.

Fitch cite une nette détérioration des finances publiques, avec un déficit budgétaire attendu à 6,3 % du PIB cette année, contre 3,7 % l’année précédente. Les recettes fédérales en baisse, de nouvelles initiatives de dépenses et des charges d’intérêt plus élevées sont identifiées comme les principales causes. Même l’accord laborieux avec les républicains pour éviter un défaut de paiement en juin est considéré comme plus politique que budgétaire.

Maya MacGuineas, présidente du CRFB, un groupe de réflexion dédié aux finances publiques, considère cette dégradation comme un signal d’alarme, soulignant la nécessité de rétablir l’ordre dans les finances et la politique du pays. Elle reconnaît que l’économie américaine demeure robuste, mais avertit que la trajectoire actuelle est insoutenable.

La dette nationale, déjà équivalente au PIB, devrait augmenter davantage en raison de la hausse des taux d’intérêt. Cependant, le débat sur la réduction des dépenses publiques au Congrès ne suscite que peu d’enthousiasme, tant du côté démocrate que républicain.

La dernière crise de notation des États-Unis remonte à 2011, lorsque l’agence S&P avait rétrogradé le pays d’un cran de triple A. Ce niveau a été maintenu depuis, à l’exception de Moody’s qui maintient encore sa note de triple A pour les États-Unis.

Malgré une croissance supérieure aux attentes au deuxième trimestre, Fitch prévoit une légère récession d’ici la fin de l’année et met en évidence les risques à venir. La croissance annuelle du PIB réel des États-Unis devrait ralentir à 1,2 % cette année, comparé à 2,1 % en 2022, avec une croissance globale estimée à seulement 0,5 % en 2024. La participation au marché du travail reste inférieure d’un point par rapport aux niveaux d’avant la pandémie, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur la croissance potentielle à moyen terme.