Les pays européens doivent adopter « de toute urgence » le plan de relance décidé l’été dernier, sans quoi l’écart de croissance de la zone euro par rapport aux États-Unis va encore s’aggraver, a averti mercredi le gouverneur de la Banque de France.
« Pour nous Européens, le sujet principal n’est pas la taille de notre réponse budgétaire, mais la rapidité de son exécution. La vitesse est, une nouvelle fois, notre handicap collectif », a déclaré François Villeroy de Galhau devant des étudiants du Collège d’Europe de Bruges, en Belgique.
« Les gouvernements doivent maintenant mettre en œuvre le plan de relance sur lequel ils se sont mis d’accord et ils doivent le faire de toute urgence », a-t-il ajouté, rappelant que les États-Unis ont adopté en un temps record, après l’élection de Joe Biden, un plan de 1.900 milliards de dollars.
Aprement négocié l’été dernier par les Vingt-Sept, ce fonds de l’UE doté de 750 milliards d’euros est destiné à faire face aux conséquences économiques de la pandémie de Covid-19. Jusqu’ici, 16 pays l’ont ratifié, dont la France, l’Italie ou encore l’Espagne.
En Allemagne, les deux chambres du Parlement national ont donné leur feu vert, mais vendredi, la Cour constitutionnelle allemande a interrompu le processus.
Or, sa ratification par la totalité des 27 Etats membres est nécessaire avant que Bruxelles puisse se tourner vers les marchés pour emprunter et distribuer les financements promis.
Selon le gouverneur, l’Europe ne peut se permettre de traîner alors que « depuis vingt ans, l’écart de croissance entre les États-Unis et la zone euro s’est accru », le PIB américain affichant un taux de croissance de 20% supérieur à celui de la zone euro en cumul sur la période 1999-2019.
Et l’ancien directeur de cabinet de Dominique Strauss-Kahn, quand ce dernier était ministre de l’Economie, de souligner ce « douloureux paradoxe : la crise financière de 2008 a éclaté aux États-Unis et la pandémie de 2020 en Chine, et pourtant, à chaque fois, c’est l’Europe qui a souffert le plus » sur le plan économique. Ainsi, quand le PIB américain reculait de 3,5% l’an passé, celui de la zone euro chutait de 6,6%, « près de deux fois plus ».
Une situation qui s’explique, selon le gouverneur, par la « plus grande dépendance de la zone euro à l’égard du tourisme » et « l’avance des États-Unis sur le plan numérique ».