Les politique monétaires de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Réserve fédérale (Fed) vont diverger dans un futur proche, la guerre en Ukraine ayant des effets très différents sur les économies de l’Union européenne et des Etats-Unis, a annoncé lundi la présidente de l’institution de Francfort, Christine Lagarde.
La Fed a relevé d’un quart de point son principal taux directeur mercredi dernier et esquissé une stratégie offensive de resserrement de sa politique monétaire cette année, alors que l’heure d’un relèvement de taux n’est pas venue pour la BCE qui accélère cependant le retrait de ses soutiens exceptionnels à l’économie face à l’inflation.
“Nos deux économies se trouvent à un endroit différent du cycle économique, même avant la guerre en Ukraine”, a déclaré Christine Lagarde lors d’une conférence à l’Institut Montaigne à Paris. “Pour des raisons géographiques, l’Europe est beaucoup plus exposée (à la guerre) que les Etats-Unis”.
La flambée des coûts de l’énergie a déjà propulsé l’inflation de la zone euro à un niveau record le mois dernier à 5,9% sur un an, près de trois fois l’objectif de la BCE.
L’accélération de l’inflation, conjuguée à une hausse des prix des denrées alimentaires, impacteront lourdement le pouvoir d’achat des ménages. La BCE a revu en légère baisse ses prévisions de croissance pour cette année et l’an prochain.
Christine Lagarde a fait valoir que les Etats-Unis sont moins tributaires des importations de produits de base et que leur commerce sera également moins touché, de sorte que les deux banques centrales vont voir leur politique se désynchroniser.
“Nos politiques monétaires ne fonctionneront pas exactement sur le même rythme”, a déclaré la présidente de la BCE.
Avec la guerre russo-ukrainienne, l’Europe devra accélérer la transition écologique de son économie afin de réduire sa dépendance à l’égard de l’énergie en provenance de Russie, premier fournisseur de gaz naturel de l’UE.
Cette transition aura des conséquences inflationnistes à court et moyen terme, a prévenu Christine Lagarde, ajoutant que l’effet déflationniste ne se manifestera qu’à long terme.