Après deux mois de repli, les prix à la pompe sont légèrement remontés la semaine dernière, avec une hausse n’excédant par 0,5 centime, selon les moyennes du ministère de la Transition écologique et solidaire publiées lundi 10 décembre.
Dans les stations-service, le diesel s’affichait ainsi à 1,4312 euro soit 0,25 centime de plus que la moyenne des sept jours précédents (1,4287 euro). Quant au Sans Plomb 95, il était proposé par les pompistes à 1,4352 euro la semaine dernière, soit à peine 0,47 centime de plus que la moyenne d’il y a deux semaines (1,4305 euro), qui avait été la plus basse de l’année 2018. La courbe du prix des carburants continue donc de suivre celle des cours du pétrole. Le baril de Brent (référence européenne) a en effet connu une très légère hausse la semaine dernière, oscillant entre 61 et 62 dollars. Il était descendu à 57,80 dollars les 28 et 29 novembre avant de remonter à 61 dollars le 3 décembre.
Cours pétroliers et prix à la pompe sont intimement liés. Ces derniers varient en effet en fonction des cours du brut mais aussi du taux de change euro-dollar, du niveau des stocks de produits pétroliers, de l’évolution des taxes et de la demande. Selon les calculs du site spécialisé “Connaissance des Energies”, les cours pétroliers représentent environ 30% du prix des carburants, le solde étant composé pour plus de 60% de plusieurs taxes et pour un peu moins de 15% de la marge bénéficiaire des groupes pétroliers et des distributeurs. A cela il convient aussi d’ajouter que la parité euro-dollar est actuellement défavorable aux Européens et booste encore un peu plus les prix à la pompe sur le Vieux continent.
Le facteur le plus volatil
Beaucoup plus volatils que les taxes ou les marges des distributeurs, les cours du brut expliquent donc les dernières fluctuations des prix à la pompe. Mais pourquoi mettent-ils alors autant de temps à se répercuter sur les prix à la pompe ? “Entre le moment où le pétrole est acheté et le moment où il sort de la raffinerie pour être mis en vente dans les stations-service, il s’écoule environ 45 jours, répond Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI AM. Les Européens, qui achètent leur pétrole en majorité dans le Golfe, l’acheminent par bateau et cela prend du temps. Aux États-Unis, par exemple, l’évolution des cours se répercute beaucoup plus vite sur les prix à la pompe car d’une part le pays est producteur de pétrole et d’autre part l’acheminement se fait par pipeline, ce qui est nettement plus rapide”.
Ce décalage entre les cours du brut et les prix à la pompe peut même être plus important. Selon l’Institut national de la consommation (INC), ce délai peut atteindre un maximum de deux mois en fonction des différents process de transport-distribution (stockages en dépôt, acheminement en station-service et exploitation du point de vente). “Cet aspect logistique peut retarder ou accélérer les effets des cours pétroliers sur les prix à la pompe, poursuit Benjamin Louvet. De manière générale, ce décalage a été considérablement réduit en raison des progrès logistiques effectués”. Si bien que la baisse des cours de brut de 30% ne sera concrètement perceptible à la pompe qu’à la fin du mois.