Les ventes d’armes françaises ont atteint 11,7 milliards d’euros en 2021

Selon le dernier rapport sur les exportations d’armement du ministère des Armées, les exportations d’armement françaises ont approché les 12 milliards

d’euros en 2021. L’exercice 2022 s’annonce record, avec plus de 20 milliards d’euros.

Pas encore un record, mais déjà une très bonne année. Selon la dernière édition du rapport annuel au Parlement sur les exportations d’armement, les ventes d’armes françaises (prises de commandes) ont atteint 11,7 milliards d’euros en 2021. C’est presque trois fois plus que le chiffre de 2020, un exercice plombé par la crise du Covid. C’est également le troisième meilleur exercice de l’histoire, après les années 2015 et 2016, marquées par d’énormes contrats Rafale (Egypte, Qatar, Inde). “Ce bilan permet à la France d’asseoir encore davantage sa position parmi les trois premiers exportateurs mondiaux”, [derrière les Etats-Unis et la Russie, NDLR], se félicite le rapport.

Pour atteindre ce niveau de prises de commandes, la France a, encore une fois, pu s’appuyer sur l’impressionnant carton commercial du Rafale à l’export. Le chiffre 2021 intègre la commande de 12 appareils neufs et 6 d’occasion par la Grèce, le contrat pour 30 Rafale supplémentaires par l’Egypte, et celui pour 12 avions d’occasion par la Croatie. Autres contrats marquants de 2021: la commande de 52 canons Caesar (Nexter) par la République Tchèque, et de 10 hélicoptères H145M, systèmes radars et défense sol-air par la Serbie. L’Egypte s’impose comme le premier client de la France en 2021, avec 4,5 milliards d’euros de prises de commandes, devant la Grèce (2 milliards), la Croatie (972 millions), l’Inde (492 millions) et l’Arabie Saoudite (381 millions).

L’Egypte, plus gros client

Sur les dix dernières années (2012-2021), les plus gros clients de l’armement français sont, dans l’ordre, l’Egypte, l’Inde, le Qatar, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis. Suivent la Belgique (grâce au gros contrat de blindés CaMo), la Grèce, Singapour, les Etats-Unis et le Koweït. Si la zone Moyen-Orient reste le plus gros débouché, l’Europe, longtemps assez fermée aux équipements français, monte en puissance: le Vieux continent a représenté un tiers des prises de commandes françaises en 2021, contre 10% en moyenne de 2012 à 2017.

Au-delà des bonnes performances en prises de commandes, l’année 2021 a également vu un record historique de livraisons d’armement, avec 11 milliards d’euros de matériels livrés, contre 4,3 milliards en 2020, et 9,9 milliards en 2019, le précédent record. Là encore, ce chiffre est largement dû aux livraisons de Rafale. L’Inde a reçu pour 4,4 milliards d’euros de livraisons, et le Qatar pour 1,2 milliard. En dix ans, la France a livré pour 63,6 milliards d’euros d’équipements militaires à l’export, soit un peu plus de six milliards par an en moyenne.

Comment s’annonce l’année 2022? L’exercice promet d’être historique. Plusieurs énormes contrats annoncés l’année dernière n’ont, en effet, pas été consolidés dans les chiffres 2021: ceux-ci n’intègrent que les contrats entrés en vigueur, c’est-à-dire ceux dont les clients ont déjà versé le premier acompte. Cette étape n’arrive en général que quelques mois après l’annonce officielle des contrats. Les chiffres 2022 vont ainsi intégrer la méga-commande de 80 Rafale par les Emirats Arabes Unis (estimée à 16 milliards d’euros), entrée en vigueur en avril dernier, mais aussi la commande de trois frégates FDI et de 6 Rafale supplémentaires par la Grèce (3,5 milliards), entrée en vigueur en mars.

20 ou 30 milliards en 2022?

Avant même de décompter les accords négociés cette année, ce sont ainsi quasiment 20 milliards d’euros de prises de commandes qui sont “garantis” en 2022. Le ministère des Armées évoquait, en décembre dernier, des prises de commandes de 30 milliards d’euros sur les années 2021 et 2022, ce qui donne 18,3 milliards sur 2022, et donc confirme à peu près l’estimation. Le record de 2015 (16,9 milliards d’euros) devrait donc être largement battu. Le chiffre de 2022 pourrait même approcher, voire dépasser les 30 milliards, si la commande de 42 Rafale par l’Indonésie entre en vigueur. Celle-ci, annoncée en février dernier, reste pour l’instant dans les limbes. Si la première tranche de 6 appareils est à peu près financée, la seconde, de 36 avions, ne l’est pas encore, ce qui maintient toujours ce contrat de 7 milliards d’euros dans l’incertitude.

Pour la première fois, l’exécutif, en l’occurrence Bercy, publie également cette année un rapport sur l’exportation de biens à double usage (civil et militaire), qui font l’objet d’un contrôle spécifique piloté par le ministère de l’Economie. Selon ce document, que Challenges a consulté, les licences d’exportations accordées par l’Etat ont atteint 9 milliards d’euros. Ce chiffre est en fait un plafond, en gros le montant maximal des ventes export validées par l’exécutif: le montant réel, non publié, est inférieur. Le rapport évoque 4.080 licences d’exportation accordées en 2021, et 125 refus notifiés. Parmi les produits concernés par ces autorisations, les technologies nucléaires, le segment des hélicoptères, de la cryptologie, ou encore de la cybersurveillance.

Les transactions vers les Etats membres de l’UE et quelques pays alliés (Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie…) font l’objet d’un contrôle limité, voire d’une autorisation automatique. D’autres pays font l’objet d’un suivi particulier. Ce qui n’a pas empêché la Russie de faire l’objet de licences pour 650 millions d’euros environ, et la Chine pour environ 3 milliards.