L’ancien ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, exprime une opposition marquée à l’éventualité d’une augmentation des impôts proposée par le gouvernement actuel. Il souligne que cette approche pourrait nuire à la dynamique économique et entraîner une hausse du chômage. Selon lui, la stratégie fiscale envisagée va à l’encontre des principes de la politique de l’offre, qui a été mise en œuvre avec succès ces dernières années. Darmanin met en avant la nécessité de réorienter les efforts vers la réduction des dépenses publiques plutôt que d’alourdir la fiscalité.
Dans son analyse, Darmanin critique le projet de budget 2025, qu’il juge inacceptable. Il affirme qu’un choc fiscal ne constitue pas une solution viable pour la politique économique et qu’il pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la croissance. Il déplore l’absence de mention de la « politique de la croissance » dans le discours du Premier ministre, ce qui, selon lui, reflète un changement de cap inquiétant. Il rappelle que, grâce à une politique fiscale favorable, le taux de chômage a considérablement diminué dans sa région, passant de 18 % à 11 %, ce qui a permis de redonner espoir et dignité à de nombreux travailleurs.
Darmanin s’interroge sur la logique d’une augmentation des impôts sur les sociétés et sur le capital, surtout venant d’un Premier ministre issu des Républicains. Il souligne que cette mesure pourrait nuire à l’attractivité de la France, en particulier pour les entreprises et les investisseurs. Il évoque également les risques d’une fuite des capitaux, en rappelant que les contribuables les plus riches pourraient choisir de quitter le pays pour éviter une fiscalité accrue.
Concernant les hausses d’impôts ciblées, Darmanin se montre ouvert à la discussion, mais insiste sur la nécessité d’éviter une approche démagogique. Il propose d’explorer des pistes telles que la lutte contre l’optimisation fiscale abusive et le recentrage des niches fiscales, tout en évitant de revenir à des politiques fiscales jugées inefficaces, comme celles mises en œuvre sous la présidence de François Hollande. Il met en garde contre le fait de stigmatiser ceux qui réussissent, soulignant que la confiance des investisseurs est essentielle pour maintenir une économie dynamique.
En ce qui concerne les grandes entreprises, Darmanin exprime des réserves sur l’idée d’une taxation supplémentaire pour celles ayant un chiffre d’affaires supérieur à un milliard d’euros. Il rappelle que cette mesure pourrait annuler les baisses d’impôts sur les sociétés réalisées au cours des sept dernières années, et que cela pourrait affecter davantage les entreprises de taille intermédiaire que les multinationales. Il souligne que la stabilité fiscale est cruciale pour encourager l’investissement et la création d’emplois.
Darmanin évoque également la nécessité de réformer la dépense publique, en particulier dans le domaine social. Il critique l’absence de volonté politique pour appliquer des réformes telles que celle de l’assurance-chômage, qui pourrait générer des économies significatives. Il plaide pour une approche pragmatique qui se concentre sur l’augmentation du taux d’emploi, en prenant exemple sur l’Allemagne, où un taux d’emploi plus élevé pourrait alléger les difficultés financières de l’État français.
Pour réduire les dépenses publiques, Darmanin propose plusieurs mesures. Il suggère de réformer l’audiovisuel public, qui représente un coût de plus de 4 milliards d’euros, et d’examiner la possibilité de supprimer un jour férié dans le secteur public. Il plaide également pour une flexibilité accrue dans le temps de travail, en renvoyant la question à des négociations au sein des entreprises, tout en proposant une augmentation des heures de travail dans le secteur public.
Les économies potentielles de ces réformes pourraient atteindre plusieurs milliards d’euros, ce qui pourrait contribuer à assainir les finances publiques. Darmanin évoque également la possibilité d’augmenter les droits d’inscription pour les étudiants étrangers, soulignant que la France est l’un des rares pays à appliquer les mêmes frais pour les étudiants nationaux et étrangers. Une autre mesure envisagée serait l’instauration d’un deuxième jour de carence pour les arrêts maladie dans la fonction publique, une initiative qu’il avait déjà mise en place en 2018.
Enfin, il aborde la question des participations de l’État dans les entreprises, qui sont évaluées à environ 150 milliards d’euros. Selon lui, il serait plus judicieux de vendre certaines de ces participations plutôt que d’augmenter l’impôt sur les sociétés. Il souligne que l’État n’a pas vocation à intervenir dans le capital des entreprises, et que cette approche pourrait libérer des ressources pour d’autres priorités.
Darmanin conclut en affirmant qu’une réduction du nombre de fonctionnaires pourrait être envisagée, mais qu’elle nécessiterait des réformes structurelles. Il rappelle que des réformes antérieures ont permis de réduire le nombre de postes dans l’administration sans compromettre la qualité des services publics. Il appelle à une réflexion approfondie sur la manière de réformer le secteur public pour le rendre plus efficace tout en préservant les intérêts des citoyens.