La fièvre de l’or se poursuit, le précieux métal franchissant un nouveau palier historique ce lundi. Les derniers chiffres sur l’inflation américaine renforcent les attentes d’un abaissement des taux directeurs par la Réserve fédérale dès juin prochain, dopant la demande pour cette valeur refuge.
L’once d’or au comptant a atteint un sommet inédit de 2 110,60 euros dans les premières heures des échanges, en hausse de 1,6% par rapport à la clôture de jeudi, avant de légèrement consolider à 2 093,49 euros vers 8h15, heure de la côte Est. Parallèlement, les contrats à terme sur l’or américain ont grimpé de 1,2% à 2 265,70 dollars l’once à New York.
L’indice des dépenses de consommation personnelle de base, baromètre d’inflation privilégié par la Fed, s’est replié en février selon les données publiées vendredi dernier, jour de fermeture des principales places boursières. Cette décrue des pressions inflationnistes renforce les arguments en faveur d’un assouplissement monétaire, incitant les investisseurs à se repositionner sur le métal jaune, valeur refuge par excellence.
Depuis la mi-février, l’or a déjà enregistré une progression d’environ 14%, portée par les perspectives de détente monétaire des grandes banques centrales ainsi que par les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Ukraine. La forte demande des banques centrales, à l’image de la Chine qui renforce ses réserves de mois en mois, alimente également cette envolée.
Après la publication des chiffres de l’inflation, Jerome Powell, le président de la Fed, a déclaré que ces données étaient “globalement conformes à nos attentes”, tempérant l’urgence d’une baisse des taux. Les marchés à terme tablent désormais sur une probabilité de 61% d’un abaissement des taux en juin, contre 57% jeudi.
Plus tard dans la semaine, les investisseurs scruteront les créations d’emplois aux États-Unis, attendues au-delà de 200 000 pour le quatrième mois consécutif, afin d’affiner leurs anticipations sur l’évolution de la politique monétaire américaine.
“Les données sur l’inflation, et notamment les commentaires de Powell, ont donné un nouveau coup de fouet à l’or, le marché étant de plus en plus convaincu que la Fed commencera à baisser ses taux en juin”, analyse Warren Patterson, responsable de la stratégie sur les matières premières chez ING Groep NV. “Cependant, il ne faudrait pas grand-chose, comme un rapport sur l’emploi supérieur aux attentes, pour provoquer un repli à court terme”, prévient-il.
Première recommandation sur les matières premières
Les perspectives favorables du métal jaune sont saluées par de nombreuses grandes banques.
JPMorgan Chase a ainsi placé l’or en tête de ses recommandations sur les marchés des matières premières le mois dernier, avec un objectif de cours de 2 329,04 euros l’once cette année. Goldman Sachs vise pour sa part 2 142,71 euros, mettant en avant les bénéfices d’un environnement de taux bas.
“Le chiffre de l’inflation légèrement inférieur aux attentes aux États-Unis vendredi dernier conforte les perspectives d’une baisse des taux par la Fed au milieu de l’année”, commente l’analyste Giovanni Staunovo chez UBS, dans une note à Reuters lundi.
“Les marchés attendent désormais de voir si les créations d’emplois confirmeront un atterrissage en douceur de l’économie américaine. Une demande toujours soutenue profite également au métal précieux, même si des prix plus élevés pourraient peser sur la demande de la bijouterie”, ajoute-t-il.
L’engouement pour l’or peine cependant encore à séduire les investisseurs privilégiant une exposition via les fonds indiciels cotés (ETF). Les encours mondiaux dans ces produits ont reculé de plus de 100 tonnes au premier trimestre, touchant en mars leur plus bas niveau depuis 2019, avant un léger rebond selon un décompte de Bloomberg.
