Pour rappel, le Président malien, Ibrahim Boubacar Keïta et son premier ministre, Boubou Cissé, ont été arrêtés par le groupe de soldats qui a pris, mardi matin, le contrôle d’un grand camp militaire dans la banlieue de Bamako.
Alors que le pays intéresse fortement les majors pétrolières telles que Total pour les immenses ressources énergétiques du bassin de Taoudeni, situé à cheval sur les territoires du Mali donc, mais également de la Mauritanie, du Niger et de l’Algérie, ce sont également des réserves de gaz situées à la proximité de la capitale Bamako et ses mines d’or qui pourraient attirer les convoitises, avais-je écrit en 2013. Sans parler du coltan, matière première fort recherchée rentrant dans la fabrication des téléphones portables, indiquais-je alors. Les choses n’ont guère changé depuis. La crise du Covid “aidant”, certaines puissances étrangères pourraient profiter du”chaos” ambiant pour avancer leurs pions … Nous y reviendrons.
Le Mali, un pays riche en hydrogène, potentiellement exportateur d’électricité ?
La Société d’exploitation pétrolière du Mali (Petroma) venait de découvrir en 2013 un gigantesque gisement de gaz à Bourakèbougou, une localité située à 60 km de Bamako et 45 km de Kati, la ville garnison. Mieux encore, il s’agit d’hydrogène à l’état pur (98,8 % d’hydrogène et 2 % de méthane et et de nitrogène), chose très rare au niveau mondial si l’on en croit Aliou Diallo, l’homme d’affaires à la tête de Petroma. Cerise sur le gâteau : le gaz n’est situé qu’à 107 m de profondeur.
Une découverte qui permettait alors au patron de la société d’envisager pouvoir produire de l’électricité au Mali à partir de l’hydrogène. Selon lui, son entreprise serait même en mesure de produire du courant pour toute l’Afrique de l’ouest à moins de 10 F CFA (0,020 centimes d’euros) le kilowatt contre 106 FCFA en 2013.
Fort intéressant quand on sait que la Mauritanie voisine avait quant à elle récemment déclaré vouloir exporter de l’électricité vers le Mali et le Sénégal, ce dernier était alors confronté à des difficultés énergétiques structurelles.
Mieux encore : Petroma venait d’acquérir une sondeuse en vue de pousser ses recherches jusqu’à l’obtention du pétrole dont des indices positifs ont été découverts dans le secteur.
Le Mali : un pays doté d’importantes ressources aurifères
En 2013, avait eu lieu également l’inauguration de la mine d’or de Kodieran – détenue également par Petroma – à laquelle avait participé Aliou Boubacar Diallo, en tant que PDG de la compagnie minière « Wassoul’Or-Sa », filiale du Groupe, dans laquelle Pearl Gold détient une participation de 25% . Aliou Boubacar Diallo étant parallèlement membre du Conseil de Surveillance de Pearl Gold.
Située à Kodieran, Wassoul’Or est l’une des sociétés minières du Mali les plus prometteuses avec des logistiques et des infrastructures bien développés (300 km de routes au sud de Bamako), si l’on en croit son site internet.
Une usine pilote d’une capacité de 1000 tonnes/jour (matière brute) opérée avec succès a été mise en place pour le projet en vue de tester le processus de production aurifère et de mettre en évidence la teneur en or. Après avoir débuté par un rendement initial journalier de 5.000 tonnes début 2012, ce dernier est passé progressivement vers 11.000 tonnes par jour.
– Petroma et le Canada pour l’or et le pétrole du Mali
Rappelons à toutes fins utiles que Petroma une société canadienne spécialisée dans la recherche, l’exploitation, le transport et le raffinage des hydrocarbures liquides ou gazeux, est détenue à 98 % par des capitaux maliens et le reste par Petroma Ink (une société canadienne), laquelle a investi plus de 10 millions de dollars dans le projet de Bourakèbougou, qui selon les indicateurs, est doté d’une réserve gigantesque.
La construction de la première unité aurifère de Kodierana quant à elle été réalisée par les sociétés canadiennes Bumigeme et ABF Mines, et a été entièrement financée par le fonds or Mansa Moussa.
– Le Nord Mali : une région dotée au fort potentiel énergétique et minier
S’agissant tout particulièrement du Nord du Mali, là où se situent les principales tensions, précisons que si cette région contribuait très peu – en 2013 – au PIB du pays,le sous-sol des régions de Gao, Kidal et Tombouctou suscite beaucoup d’espoir : 850 000 km2 de potentiel gazier et pétrolier, selon les études menées par l’Autorité pour la recherche pétrolière (Aurep). Un contexte qui pourrait expliquer en partie la situation d’alors et qui pourrait justifier des velléités de partition du pays.
Quoi qu’il en soit, 4 bassins principaux ont été identifiés dans cette zone : Tamesna (à cheval entre le Mali et le Niger), Taoudeni (qui couvre également une partie de l’Algérie et de la Mauritanie), le graben de Gao et le rift de Nara (vers Mopti).
Dès 2005, l’Autorité pour la promotion de la recherche pétrolière (Aurep), organisme sous tutelle du ministère des Mines malien a procédé au découpage de ces bassins en 29 blocs exploitables. La plupart d’entre eux ont été remportés par des petites entreprises, mais également par le groupe algérien Sonatrach (via sa filiale internationale Sipex) et l’italien ENI. Le pétrolier français Total étant également de la partie.
Mais l’insécurité dans cette partie du pays limite quelque peu les ardeurs des investisseurs, ainsi que les coûts d’acheminement du matériel. Lesquels devraient grimper compte-tenu de la situation actuelle. Cette dernière étant même de nature à geler les travaux.
Plus grave, selon Africa Energy Intelligence, trois jours après sa reconduction au gouvernement, le ministre malien des mines Amadou Baba Sy a signé le 18 décembre 2013 un décret stipulant la reprise par l’Etat du bloc 4 du bassin de Taoudeni jusqu’alors opéré par ENI et Sipex (Sonatrach).
– Quand le Wall Street journal dédiait un article à l’homme d’affaires malien Aliou Boubacar Diallo
Mais le Mali ne dispose pas que de ressources énergétiques. Les explorations menées dans l’Adrar des Ifoghas (région de Kidal) ont révélé des sols propices à la présence d’or et d’uranium, tandis que le cercle d’Ansongo (région de Gao) recèlerait du manganèse.
Le véritable enjeu du conflit actuel ?
En tout état de cause, le célèbre et non moins prestigieux Wallstreet Journal, dédiait le 30 mai 2013 un article à Aliou Boubacar Diallo, à la suite de sa participation, en compagnie de la finance internationale, à la la conférence Africa Business week, à Francfort, en Allemagne.
Lors de la conférence dédiée aux ressources naturelles et aux mines, le patron de Wassoul’or était intervenu pour expliquer «comment concilier les intérêts des pays riches en ressources naturelles et les investisseurs étrangers».
A cet égard, Aliou Boubacar Diallo avait souligné “quatre points essentiels” qui, selon lui, “mieux maîtrisés, permettent de concilier les différents intérêts” : “un cadre juridique clair et équitable, une sécurité d’investissement assurée par les codes miniers et pétroliers, s’assurer que les populations africaines profitent du développement minier et pétrolier et, surtout, la stabilité politique“.
CQFD …. ?
A l’occasion d’un de ses nombreux déplacements au Mali, Kadhafi avait quant à lui déclaré : “Le nord du Mali est très riche en ressources minières. Si vous ne preniez garde, un jour les occidentaux vont venir s’installer définitivement pour exploiter vos richesses… ”. Tel pourrait bien être le cas ….