par Sinéad Carew
NEW YORK, 14 décembre (Reuters) – La Bourse de New York a terminé en repli d’environ 2% vendredi, dans le sillage des marchés européens, des indicateurs économiques décevants en Chine et en Europe ayant exacerbé l’inquiétude des investisseurs sur la croissance mondiale.
L’indice Dow Jones a cédé 496,87 points, soit 2,02%, à 24.100,51. Le Dow a cédé plus de 10% depuis son pic de clôture du 3 octobre, ce qui confirme une phase de correction boursière.
Le S&P-500, plus large, a perdu 50,59 points, soit 1,91%, à 2.599,95, à son plus bas depuis de 2 avril.
Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 160,79 points (-2,27%) à 6.909,55 points.
L’indice des petites capitalisations S&P 600, désormais en repli de plus de 20% depuis son pic du 31 août, confirme une situation de marché baissier (“bear market”).
Sur la semaine, le S&P a cédé 1,25%, le Dow 1,18% et le Nasdaq 0,84%. Les marchés américains ont été volatils cette semaine, au gré des nouvelles sur le commerce, les taux, l’aplatissement de la courbe des rendements ou encore le Brexit.
Vendredi, des statistiques chinoises inférieures aux attentes ont confirmé le ralentissement de la deuxième économie mondiale. La croissance des ventes au détail de novembre a été au plus bas en 15 ans et la production industrielle a progressé à son rythme le plus faible en près de trois ans.
En zone euro, le secteur privé a terminé l’année sur une note faible, la croissance de l’activité tombant à son plus bas niveau depuis plus de quatre ans, selon les premiers résultats des enquêtes IHS Markit auprès des directeurs d’achats. Et le début de l’année 2019 ne s’annonce guère meilleur.
La croissance du secteur privé a été à son plus bas depuis quatre ans en Allemagne, et l’activité s’est contractée en France pour la première fois depuis deux ans et demi, pénalisée par les perturbations résultant des actions des “Gilets jaunes”.
“L’attention, qui était focalisée jusqu’ici sur la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, s’est portée sur l’évolution générale de l’économie mondiale et ses conséquences pour les résultats des entreprises américaines en 2019″, résume Art Hogan, responsable de la stratégie chez B. Riley FBR.
“Lorsque vous êtes confrontés à des ralentissements en même temps en Chine et en Europe, qu’ils soient liés au non, cela va avoir un impact sur les ventes des sociétés du S&P-500”, dit-il.
VALEURS
La plus forte baisse du Dow Jones revient à Johnson & Johnson qui a chuté de 10,04% après la publication d’informations de Reuters selon lesquelles le conglomérat de la santé savait depuis des décennies que son talc pour bébé contenait de l’amiante. J&J a pesé sur l’indice de la santé (-3,37%), plus net repli sectoriel du S&P-500.
Le secteur technologique a reculé de 2,48%: Apple a abandonné 3,2%, parmi les plus fortes baisses du Dow. L’éditeur de logiciels Adobe a cédé 7,29% après avoir révisé à la baisse sa prévision de bénéfice ajusté pour 2019. Amazon a perdu 4%, deuxième plus net recul du Dow.
Starbucks a cédé 3,35% après des prévisions à long terme moins bonnes que prévu et le groupe de magasins d’entrepôt Costco Wholesale a lâché 8,59% après l’annonce d’une baisse de sa marge brute trimestrielle.
LES INDICATEURS DU JOUR
La production industrielle a augmenté plus que prévu en novembre aux Etats-Unis, portée par les secteurs minier et des services aux collectivités, mais les biens d’équipement et le bâtiment ont ralenti sa croissance.
Parallèlement, les ventes au détail de base ont augmenté le mois dernier, de 0,9% après 0,7% en octobre.
LA SÉANCE EN EUROPE
Les Bourses européennes ont terminé en baisse, affectées aussi par les indicateurs décevants en Europe et en Chine.
À Paris, l’indice CAC 40 a terminé en repli de 0,88% à 4.853,7 points. Le Footsie britannique a cédé 0,47% et le Dax allemand a perdu 0,54%. L’indice EuroStoxx 50 a reculé de 0,63%, le FTSEurofirst 300 de 0,73% et le Stoxx 600 de 0,63%. Sur la semaine, le Stoxx a néanmoins gagné 0,42% et le CAC 0,84%.
TAUX
L’incertitude sur la santé de l’économie mondiale a favorisé un retour des investisseurs sur le marché obligataire.
Ainsi, le rendement de l’obligation du Trésor américain à 10 ans a reculé, après quatre séances de hausses d’affilée. Il a légèrement réduit ses pertes après la publication de ventes au détail aux Etats-Unis meilleures que prévu, mais cette statistique n’a pas suffi à véritablement apaiser les inquiétudes des investisseurs sur l’avenir.
En Europe, le rendement des emprunts d’Etat allemand , déjà en repli à cause des annonces jeudi de la BCE, a reculé de près de trois points de base pour tomber à 0,256%.
La Banque centrale européenne a confirmé jeudi son intention d’arrêter définitivement à la fin du mois ses achats de titres sur les marchés, mais elle s’est engagée à continuer à stimuler une économie de la zone euro confrontée à un ralentissement inattendu et à des turbulences politiques. La BCE a également abaissé sa prévision de croissance, de 1,8% à 1,7%.
CHANGES
Le dollar (+0,41%) a profité de son statut de valeur refuge et de statistiques américaines plus fortes que prévu.
L’euro s’est stabilisé, autour de 1,1310 dollar, après avoir touché en séance en Europe un creux de deux semaines à 1,1266 à la suite des PMI décevants en zone euro et de la baisse de la prévision de croissance de la BCE pour 2019.
La livre s’est aussi stabilisée après avoir cédé plus de 0,7% face au dollar en raison de doutes croissants sur la capacité de Theresa May à obtenir un vote en faveur de l’accord sur le Brexit au parlement britannique. Lors de son passage à Bruxelles, la Première ministre britannique s’est heurtée à l’intransigeance des dirigeants européens.
PÉTROLE
Les cours du pétrole ont reculé, eux aussi affectés par les indicateurs décevants en Chine qui annoncent un repli de la demande de carburant de la deuxième économie mondiale.
Le brut léger américain (WTI) perdait 2,57% à 51,23 dollars et le bariL et le Brent 1,92% à 60,27 dollars.
A SUIVRE LUNDI: (Avec Chuck Mikolajczak, Juliette Rouillon pour le service français)