Face aux accusations qui l’accablent, Carlos Ghosn, désormais ex-patron de Nissan nie en bloc. Il dément toute dissimulation de revenus ainsi que toutes les malversations dont il est accusé. C’est en effet ce qu’a affirmé dimanche la chaîne de télévision publique japonaise NHK.
Notons que celui qui demeure encore formellement PDG de Renault, ne s’était pas exprimé depuis son arrestation et celle de son bras droit et ex-administrateur de Nissan Motor – l’Américain Greg Kelly – en début de semaine à Tokyo.
Selon des sources non identifiées citées par NHK, interrogé par la justice, Carlos Ghosn n’a pas fait usage de son droit à garder le silence. Choisissant au contraire de s’exprimer, l’homme fort de Renault (enfin, jusqu’à ces derniers jours) a indiqué n’avoir jamais eu l’intention de dissimuler des revenus.
Les accusations contre Ghosn s’accumulent
Carlos Ghosn est soupçonné d’avoir dissimulé ses revenus de président du conseil d’administration de Nissan à hauteur de 5 milliards de yens entre juin 2011 et juin 2015. Il lui est également accusé d’avoir agi de même pour les trois exercices comptables suivants, ont affirmé vendredi quant à eux les quotidiens nippons Asahi Shimbun et Nikkei. Ce qui correspond au total à la coquette somme de 8 milliards de yens – plus de 62 millions d’euros de revenus – ainsi dissimulés aux autorités financières japonaises …
Selon l’agence de presse Kyodo, Nissan a en outre payé la soeur de Carlos Ghosn 100.000 dollars (87.900 euros) par an depuis 2002 pour une mission de conseil fictive.
Selon Nikkei, le dirigeant est également suspecté de ne pas avoir déclaré un bonus de plus de 30 millions d’euros lié à des plus-values dégagées sur des actions.
Greg Kelly défend Carlos Ghosn
Selon la NHK, s’exprimant pour la première fois depuis son arrestation, Greg Kelly a quant à lui nié les allégations dont Carlos Ghosn fait l’objet. Il a déclaré au contraire que la rémunération de Carlos Ghosn faisait l’objet de concertations avec les responsables du service concerné et lui était versé conformément aux règles définies.
Selon les procureurs japonais, Carlos Ghosn et Greg Kelly ont minimisé de moitié les revenus de Ghosn à la tête de Nissan de 2010 à 2015. Nissan ayant parallèlement fait état de plusieurs autres infractions.
“Je ne me contentais pas d’obéir aux ordres de l’ex-président, je travaillais pour le bien de l’entreprise”, s’est par ailleurs défendu Greg Kelly.
Greg Kelly a été cité à plusieurs reprises comme étant l’un des « cerveaux de l’affaire » Ghosn.
Equipe interne chez Nissan pour enquêter sur Ghosn
Selon des sources citées par l’agence de presse Kyodo News, Nissan a mis en place cette année une équipe “secrète”, incluant des membres du conseil d’administration, en vue d’enquêter en interne sur des soupçons de destruction de preuves par Carlos Ghosn. Rappelons à ce sujet que si le dirigeant est accusé de bien des maux … aucune preuve formelle de sa culpabilité n’a encore été fournie à l’heure qu’il est. Si en droit français, la présomption d’innocence prévaut, l’accusation supportant la charge de la preuve, tel n’est pas le cas au Japon. Carlos Ghosn est donc considéré comme coupable à moins de prouver son innocence.
Sources : AFP, Reuters, Presse japonaise
Elisabeth Studer, le 28 novembre 2018 – www.leblogfinance.com