L’astronaute français Thomas Pesquet a plaidé mardi 7 juin à Washington pour que l’Europe « commence dès maintenant » à construire son propre programme de vols habités, une idée qui gagne peu à peu du terrain.
Selon lui, il est vital que l’Agence spatiale européenne (ESA) reçoive les financements nécessaires pour pouvoir à l’avenir faire elle-même décoller ses astronautes, chose que seuls les Etats-Unis, la Russie et la Chine font actuellement.
« Ce sujet prend de l’ampleur en ce moment », a-t-il déclaré depuis le siège de la Nasa à Washington, où une conférence de presse était organisée avec ses anciens compagnons de mission dans l’ISS. « Durant la fin des années 80, le début des années 90, nous avions ce but de devenir plus indépendants en termes d’accès à l’espace pour les humains, mais ça n’a pas marché comme prévu, l’Allemagne a dû se réunifier, les budgets ont été redirigés », a-t-il rappelé.
Aujourd’hui, les membres de l’Europe retrouvent une certaine unité face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Et les membres de l’ESA devraient capitaliser sur leur influence, selon l’astronaute. « Ces sujets, comme la diplomatie européenne, la défense européenne, reviennent sur la table, et avec cela revient également la question des vols spatiaux habités », a expliqué Thomas Pesquet.
Pique anti-Musk
Une option pour l’ESA pourrait être de placer un vaisseau habitable sur la fusée Ariane 6 actuellement en cours de développement, et qui doit faire ses débuts depuis la Guyane française à la fin de l’année. « Nous devons commencer dès maintenant, car les cycles de développement sont longs. L’idée n’est pas que ça arrive seulement dans 15 ou 20 ans », a-t-il estimé.
Thomas Pesquet a également tenu à repousser l’idée que le rôle accru des entreprises spatiales rendrait les agences gouvernementales obsolètes. « Il y a cette perception dans la population que le secteur privé, comme Elon Musk ou SpaceX, mène la danse, ce qui n’est pas vrai du tout », a-t-il dit.
L’industrie privée a toujours été très impliquée, que ce soit pour les navettes spatiales ou les fusées Ariane, a-t-il rappelé. « Ce que nous avons fait, c’est leur donner davantage d’autonomie, en disant: « nous avons besoin de ce service, vous nous le fournirez à un coût compétitif » ».