Le pétrole rebondit. Après un mois de dégringolade qui aura vu les cours pétroliers perdre 20% de leur valeur, le calme semblait revenir ce lundi 12 novembre. Alors que le WTI, référence américaine, est passé de 76 dollars, le 3 octobre, à 59 dollars vendredi 9 novembre, et le Brent (mer du Nord) de 86 à 71 dollars, le marché est reparti à la hausse lundi. Le prix du baril de Brent progressait par exemple de plus de 1% sur les marchés internationaux à 12h et se dirigeait vers sa plus forte progression sur une séance depuis un mois.
La principale raison de ce rebond tient à l’Arabie saoudite. Dimanche, le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh a annoncé que Riyad envisageait de réduire sa production de 500.000 barils par jour en décembre en raison d’une baisse saisonnière de la demande. Une telle diminution équivaut à 0,5% de l’offre mondiale. Puis ce lundi, Khaled al-Faleh est allé encore plus loin. Il a déclaré que l’Opep et ses alliés étaient d’accord sur la nécessité de réduire l’an prochain l’offre pétrolière mondiale d’environ un million de barils par jour par rapport à son niveau d’octobre afin de rééquilibrer le marché.
Sous la pression d’un Donald Trump soucieux de ménager le consommateur américain avant les élections de mi-mandat, le royaume wahhabite avait accepté fin septembre d’augmenter sa production pour contenir un baril en pleine ascension – entre octobre 2017 et octobre 2018 le Brent avait gagné 37 dollars et le WTI 30. Seulement, à cela s’est ajoutée une forte hausse de la production de pétrole de schiste aux États-Unis et, plus inattendu, un assouplissement des sanctions américaines contre l’Iran. “Elles ont moins d’effet que prévu ce qui permet à Téhéran d’exporter encore une grande quantité de pétrole en Chine et en Inde”, analyse Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI AM. Pékin et New Delhi font en effet partie des huit pays que l’administration américaine a autorisés à acheter du brut iranien durant encore six mois.
Riyad ne veut pas voir les cours chuter
Résultat : ces hauts niveaux de production ont fait chuter les cours en à peine un mois. Et mis les finances saoudiennes encore plus dans le rouge. Riyad, dont le déficit budgétaire dépasse les 50 milliards d’euros, n’entend plus se risquer à voir le baril plonger comme en 2015. Pour préserver ses parts de marché face à la montée en puissance du pétrole de schiste américain, la monarchie sunnite, premier producteur mondial de brut, avait décidé quasi-unilatéralement fin 2014 d’inonder le marché. En quelques mois le baril de brut était tombé de 120 à 27 dollars. Une démonstration de force rendue possible par le potentiel pétrolier hors-norme du royaume wahhabite mais qui a eu un coût important pour Riyad. Le royaume a en effet vu ses finances se dégrader et l’homme fort du pays, Mohammed ben Salmane, n’entend plus se risquer à voir le baril chuter de nouveau.
La position saoudienne portée dimanche et lundi par Khaled al-Faleh, n’est pas franchement une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron qui fait face à la fronde menée par les “gilets jaunes”. Selon les calculs du site spécialisé “Connaissance des Energies”, les cours pétroliers représentent environ un quart du prix des carburants, le solde étant composé pour plus de 60% de plusieurs taxes et pour un peu moins de 15% de la marge bénéficiaire des groupes pétroliers et des distributeurs. “Si le marché se reprend, les prix à la pompe vont forcément en pâtir, poursuit Benjamin Louvet. Si l’on ajoute à cela, la hausse de la fiscalité écologique, l’addition pourrait être salée”. La semaine dernière, l’Assemblée nationale a adopté le budget 2019 du ministère de l’Ecologie, avec une forte hausse de la fiscalité sur les carburants (6,5 centimes par litre pour le gazole et 2,9 centimes pour l’essence dès le 1er janvier 2019).