Pourquoi la France n’a pas à redouter une hausse des taux

Vincent Chaigneau, responsable de la Recherche Stratégie Taux, Société Générale Corporate & Investment Banking (SG CIB). (SG)Vincent Chaigneau, responsable de la Recherche Stratégie Taux, Société Générale Corporate & Investment Banking (SG CIB). (SG)

Comment expliquer que la France emprunte à des taux d’intérêt si bas (1,4% à dix ans) ?

Cette baisse des taux concerne tous les pays européens. Elle se produit dans un cadre où les chiffres de croissance du second trimestre ont déçu. Les investisseurs estiment donc que la Banque Centrale Européenne va maintenir ses taux à un niveau durablement bas pour soutenir l’activité.

Les marchés ne s’inquiètent-ils pas du dérapage de nos finances publiques?

Il est vrai que la note de la dette française reste sous la menace d’une dégradation au quatrième trimestre. D’ailleurs l’agence Moody’s s’est alarmée de la faiblesse de la croissance au second trimestre. Mais cet effet est compensé par la recherche de rendement des investisseurs: le taux des obligations allemandes est tellement faible qu’ils se rabattent sur des produits plus rémunérateurs comme la dette des pays du Sud ou celle de la France. Ceci a pour effet de resserrer les écarts entre les taux allemands et français, qui est aujourd’hui de seulement 0,39 points.

Est-ce une bonne nouvelle?

Cette baisse des taux est bienvenue car elle permet d’alléger le coût de la dette. Mais elle donne une fausse impression de stabilité, qui pourrait dissuader les gouvernements de faire les réformes nécessaires.

Cette situation peut-elle durer?

Il y a fort à parier que cet environnement de taux de bas va se maintenir. La BCE a annoncé, début juin, de nouveaux prêts de liquidités aux banques qui sont censées ensuite alimenter le secteur privé. Mais la demande de crédit des entreprises reste faible et il est probable que cet argent se reporte initialement sur les obligations d’Etat, alimentant ainsi la baisse des taux.

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