La SNCF a présenté ce lundi 18 février ses résultats annuels. Comme elle l’avait prévu, ils sont excellents: le chiffre d’affaires de l’entreprise est en hausse de 3%, à 33,8 milliards d’euros, son résultat net est en forte augmentation, à 383 millions d’euros, trois fois plus élevé qu’en 2011. Sa dette baisse plus vite que prévu, passant de 8,3 à 7,3 milliards d’euros.
Ce sont les transports urbains et régionaux qui tirent la croissance de l’opérateur historique vers le haut : le nombre de voyageurs, en constante augmentation, a tiré les revenus de la branche Proximités vers le haut, que ce soit pour les TER (+5,3% de voyageurs), pour Transilien, en Ile-de-France (+1,9% de voyageurs) ou pour les transports urbains assurés par Keolis, que ce soit en France où quasiment tous ses contrats ont été renouvelés, ou à l’international.
Pepy ne cache pas son inquiétude
Une fois n’est pas coutume, l’Infra (travaux et ingénierie) se distingue, avec une hausse de 6,4% de son chiffre d’affaires: le nombre de travaux de rénovation et de modernisation, en Ile-de-France surtout, mais globalement partout dans l’hexagone, a boosté l’activité de cette branche régulièrement en pertes.
Et pourtant, Guillaume Pepy, le président de la SNCF, ne s’est pas montré aussi enthousiaste qu’il aurait pu légitimement l’être. “Quand nous regardons les chiffres, nous faisons mieux que prévu, que ce soit sur la marge opérationnelle, le résultat net, ou la dette. Nous sommes robustes. Mais… “.
Mais le président en fin de mandat – qui devrait être renouvelé sans surprise dans les jours qui viennent : Guillaume Pepy a lâché un “rendez-vous en juin” révélateur à la fin de la conférence de presse – n’a pas voulu cacher ses inquiétudes.
Moins de clientèle affaires dans les TGV
Tout d’abord, l’activité TGV freine sec. Entre 2000 et 2008, l’évolution du trafic, en nombre de passagers/kilomètres, a explosé à +42% – sachant que le TGV Est, inauguré en 2007, a beaucoup contribué à cette accélération. Entre 2008 et 2012, l’évolution a été de…2%, alors que le TGV Rhin-Rhône a été lancé en septembre 2011… Premiers accusés, la hausse des tarifs, dûs à la hausse des péages et de la TVA, mais aussi les travaux qui ont considérablement ralenti certaines lignes, comme Paris-Bordeaux, ainsi que la conjoncture: les voyageurs professionnels ont semble-t-il déserté les 1ères classes des TGV ces derniers mois.
Ensuite, crise oblige, l’activité de transport de marchandises assurée par Geodis est, elle aussi, en déclin. Elle recule de 2,3%. Une habitude pour le fret ferroviaire, en pertes depuis de longues années, mais une première pour le trafic routier, extrêmement vigoureux d’ordinaire.
Résultat, la direction de la SNCF ne se permet pas le moindre triomphalisme. La croissance de l’entreprise ralentit nettement depuis 3 ans. Elle était de 6% en 2011, de 3% en 2012, et ne devrait être que de 2,4% au mieux en 2013. “Depuis l’automne 2012, le trafic voyageur est impacté par la crise : est-ce un trou d’air ou est-ce que ce sera durable ?”, s’inquiète Guillaume Pepy – qui souligne que le mois de janvier a été décevant, et en-dessous des prévisions de trafic.
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