Les cours du gaz ont atteint de nouveaux records mercredi, en pleine crise mondiale de l’énergie et sur fond de tensions avec Moscou sur ses livraisons, avant de retomber un peu après des propos du président russe Vladimir Poutine.
Le cours européen de référence, le TTF néerlandais, s’est envolé en début de journée de plus de 35% à 162,125 euros, quand le prix du gaz britannique pour livraison le mois prochain a atteint 407,82 pence par thermie (une unité de quantité de chaleur). Des prix huit fois plus importants qu’il y a six mois.
Cette flambée des cours sur le Vieux Continent “est vraiment unique”, ont réagi les analystes de Société Générale, “jamais auparavant les prix de l’énergie n’avaient augmenté autant et aussi vite”.
La plupart des observateurs de marché mettent aussi en avant la demande asiatique, notamment chinoise, les contraintes environnementales dans le pays ayant pour effet de limiter l’exploitation du charbon pour la production d’électricité et d’entraîner un report de la demande sur le gaz.
– Poutine à la rescousse –
Le soufflé est toutefois nettement retombé après la prise de parole du président russe, qui a quelque peu rassuré les européens tout en profitant pour leur faire la leçon.
“Il n’y a jamais eu un seul cas dans l’histoire où Gazprom (le géant gazier russe, NDLR) a refusé d’augmenter l’approvisionnement de ses consommateurs s’ils soumettaient des commandes appropriées”, a déclaré Vladimir Poutine lors d’une réunion avec les responsables du secteur énergétique russe.
Cette sortie “a un peu calmé les nerfs du marché cet après-midi, mais les entreprises sont inquiètes et les investisseurs aussi” à l’approche de l’hiver dans l’hémisphère nord, a réagi Danni Hewson, analyste de AJ Bell.
Le spectre d’une pénurie de gaz “est agitée par certains comme une arme”, a observé l’analyste de Oanda Craig Erlam, interrogé par l’AFP.
Jouant sa carte, l’Azerbaïdjan s’est dit prêt à augmenter ses livraisons de gaz naturel vers l’Europe.
A leur clôture mercredi – à 108,191 euros pour le TTF néerlandais et 273,42 pence pour la référence britannique -, les prix des deux contrats étaient inférieurs à leur clôture de la veille, mais toujours cinq fois supérieurs à ceux d’il y a six mois.
– Les européens divisés –
Face à cette forte hausse, les responsables politiques européens tentent de rassurer les consommateurs et limiter l’impact sur leurs factures de gaz.
Les initiatives nationales se multiplient mais une réaction collective peine à émerger.
Le Premier ministre français Jean Castex a par exemple promis mardi “d’agir sur le levier fiscal en cas de nécessité”, si “les cours internationaux du gaz ne rebaissaient pas au printemps” 2022.
Le gouvernement britannique a annoncé un fonds de 500 millions de livres pour aider les ménages défavorisés à payer leurs factures.
Mais les dirigeants de l’Union européenne, réunis mercredi en Slovénie, sont apparus divisés sur une réponse commune à la flambée des cours de l’énergie, qui concerne aussi le pétrole, le baril de Brent ayant atteint mercredi un nouveau plus haut depuis octobre 2018 à 83,47 dollars le baril.
Paris souhaite une révision importante du marché de l’électricité, notamment de la fixation des prix jugé trop dépendante des cours des énergies fossiles, tandis que Madrid propose des “achats groupés” de gaz, sur le modèle de l’approvisionnement européen en vaccins anti-Covid-19.
D’autres pays, comme l’Allemagne et les Pays-Bas, ont mis en garde contre des “mesures extrêmes”, arguant qu’il s’agissait d’une situation temporaire.
“C’est un véritable casse-tête pour les gouvernements, les ménages, les entreprises et les banques centrales”, a admis M. Erlam, qui voit les prochains mois “très inconfortables”.
Bruxelles proposera mercredi 13 octobre un arsenal de mesures temporaires pour contrer la hausse des prix. Le sujet s’invitera aussi au sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UE les 21 et 22 octobre, où des adaptations à plus long terme pourraient être discutées.