Réduire le déficit à 3% d’ici 2015 ? Trop dangereux selon le patron du PS

Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste (PS), juge “inévitable” d’abandonner l’objectif d’un déficit public de 3% du PIB en 2015, dans un entretien aux Echos à paraître ce jeudi 14 août.

“Ces seuils ont été fixés avant la crise. Et aujourd’hui, il y a une nouvelle situation. On est dans une possible déflation. Il faut en tenir en compte”, ajoute-t-il dans cet entretien mis en ligne mercredi soir sur le site internet du quotidien.

Faut-il abandonner ce critère? “C’est inévitable” répond celui qui, déjà, se montrait critique, pendant la campagne des élections européennes, sur les critères de Maastricht. “Il y a danger avec le fléchissement des prix ce mois-ci en France, leur niveau historiquement bas en Europe, une croissance anémique, une demande faible, un euro fort. Nous sommes en situation de pré-déflation si ce n’est de déflation”, explique-t-il avant d’en appeler “immédiatement à un débat public national sur ce sujet”.

“il ne faut pas demander la permission”

Selon lui, “il ne faut pas demander la permission” au gouvernement allemand. “Ce ne serait pas du niveau de la France. Il faut provoquer le débat” car “il y a un changement majeur : c’est la déflation”.

“L’évidence, quand on voit la situation de la croissance en Allemagne, c’est qu’il n’y a pas de quoi se réjouir. Les Allemands seraient bien fondés à, avec nous, analyser la situation réelle dans laquelle nous sommes”, poursuit le numéro un du PS.

“Beaucoup de pays font des efforts. Mais la spirale de l’austérité qui les a conduits à la récession produit de nouveaux effets, ceux de la déflation. Nos amis allemands devraient se rendre compte que leur investissement est plus que léger et que leur croissance est particulièrement faible. Dans ces conditions, ils ont des mesures à prendre, comme nous, pour relancer la zone euro”, plaide t-il.

Outre l’Allemagne, Jean-Christophe Cambadélis fait aussi le constat qu’en “Italie, malgré la Renzi-mania, l’économie dévisse” et que “la France fait du surplace, malgré ses réformes et le prix électoral faramineux que nous avons dû payer. Elles lui permettent de se maintenir, mais pas de progresser. Or endiguer la crise, ce n’est pas la surmonter”, prévient le patron de Solférino.

Paris a récemment réclamé un “soutien plus ferme” de l’Allemagne en faveur de la croissance européenne, une demande rejetée par Berlin. Le président de la banque centrale allemande Bundesbank, Jens Weidmann, a appelé mercredi la France à être “un exemple en matière budgétaire” et à cesser d’en appeler notamment à l’Allemagne pour soutenir sa croissance.

(Avec AFP)


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