Sanofi prévoit de supprimer 670 postes dans ses fonctions support en France d’ici à fin 2020, sur une base volontaire, dans le cadre d’un nouveau plan mondial de transformation, a déclaré mercredi à l’AFP le président France du groupe Guillaume Leroy.
Ces départs se feront via une procédure de “rupture conventionnelle collective” et concerneront toutes les fonctions support en France, dont les affaires externes, les finances, les ressources humaines, l’audit, le juridique et l’informatique, a précisé M. Leroy.
Sur les fonctions informatiques en particulier, 80 postes supplémentaires devraient être externalisés d’ici fin 2020 également, toujours sur une base volontaire, a-t-il ajouté.
Dans le même temps, le groupe prévoit de recruter 250 personnes en France dans de nouveaux métiers, comme la bioproduction et le numérique, selon M. Leroy.
Ces coupes, dont les premiers contours avaient été révélés le week-end dernier par Le Journal du dimanche, ont été présentées mercredi aux instances représentatives du personnel des entités légales concernées.
Elles s’inscrivent dans un nouveau plan mondial de transformation baptisé “Horizon 2020”, qui devrait affecter les fonctions support d’autres grands marchés matures de Sanofi, comme les États-Unis et l’Allemagne. Sanofi n’a toutefois pas dévoilé mercredi l’ampleur des suppressions de postes prévues au niveau mondial.
Au total, Sanofi compte actuellement 110.000 collaborateurs dans le monde, dont 25.000 en France.
– “Pression terrible” –
“C’est inacceptable de supprimer encore des postes de travail absolument essentiels à notre activité en France”, s’est indigné Thierry Bodin, responsable CGT de Sanofi interrogé par l’AFP. “Il va y avoir une pression terrible” pour pousser les salariés à partir, a-t-il prédit.
Avec ces nouvelles suppressions de postes, “il y aura des conséquences sur les conditions de travail des salariés restants” et “on va perdre encore de l’expérience, de l’expertise, du savoir-faire”, s’est inquiété Emmanuel Maingard, coordinateur CFDT du groupe.
Si la CFE-CGC note que le recours au volontariat est “un point positif important”, le syndicat juge “quand même anxiogène” ce nouveau plan.
Le groupe, coutumier de plans d’économies et de réorganisation de son activité, a encore accéléré en ce sens depuis l’arrivée en 2015 du directeur général actuel, Olivier Brandicourt. Quelques mois après son arrivée, il annonçait un plan d’économies de 1,5 milliard d’euros sur trois ans, passant déjà par la suppression de plus de 600 postes en France.
Ensuite, Sanofi a recentré ses activités, se séparant notamment de sa filiale de produits vétérinaires Mérial, puis de Zentiva, son activité de génériques en Europe.
Le groupe a également externalisé cette année sa recherche dans les maladies infectieuses (hors vaccins), confiée au sous-traitant allemand Evotec qui avait déjà repris des installations et du personnel du groupe à Toulouse en 2015.
De 2008 à 2017, les effectifs ont fondu en France avec 3.600 CDI en moins, selon la direction.
– Investissements industriels accrus –
Sanofi a souffert ces dernières années de la perte d’exclusivité de son ancien médicament vedette dans le diabète, l’insuline glargine Lantus, et plus généralement des baisses de prix des médicaments matures en Europe et aux États-Unis.
Le groupe a toutefois retrouvé de l’allant au troisième trimestre de cette année, porté par ses nouveaux traitements issus des biotechnologies et de la contribution de la biotech américaine Bioverativ, spécialisée dans les maladies rares du sang, rachetée cette année pour 9,5 milliards d’euros.
“Ce retour à la croissance ne doit pas être considéré comme une fin en soi”, a souligné M. Brandicourt dans une lettre envoyée mercredi aux salariés du groupe en France, que l’AFP s’est procurée.
“Il nous faut encore accélérer le rythme de notre évolution, afin de demeurer compétitifs”, insiste-t-il dans ce courrier. Il faut “accélérer la simplification de la structure organisationnelle” et concentrer les ressources sur les activités “à fort potentiel de croissance” comme l’immunologie, l’oncologie, les maladies rares et les vaccins.
Comme pour contrebalancer la restructuration annoncée en France, M. Leroy a assuré mercredi que le groupe allait intensifier ses investissements dans ses sites industriels français ces deux prochaines années, essentiellement là où il produit des médicaments issus des biotechnologies et des vaccins.
Sanofi investira 700 millions d’euros, soit 350 millions d’euros par an, contre 240 millions d’euros en moyenne par a au cours des cinq dernières années, a-t-il précisé.