Le théorème de Thales, champion de France? “Notre contribution à la stratégie de souveraineté s’appuie sur la recherche, la conception et la production, explique Philippe Keryer, membre du comité exécutif et directeur général adjoint stratégie, recherche et technologie. Ce triptyque est fondamental, il impose d’investir de manière constante dans les hautes technologies”. Performante sur tous les critères, l’entreprise spécialiste de l’électronique appliquée à l’aérospatiale, la défense ou la sécurité ressort largement en tête parmi les entreprises du CAC 40 lorsqu’on mesure sa contribution à la souveraineté française, selon la méthodologie mise en place par le cabinet de conseil en intelligence économique Vélite. Pour la première fois, un acteur indépendant évalue le CAC 40 sur cette dimension devenue cruciale. “Au début de la crise, les Français se sont aperçus qu’ils étaient très dépendants de l’étranger pour les approvisionnements stratégiques, raconte Pierre-Marie de Berny, directeur associé du cabinet Vélite. Tout à coup, on s’est mis à parler de souveraineté en France. Chez Vélite, le sujet nous tient forcément à coeur: nous accompagnons quotidiennement des grands groupes sur des appels d’offres hautement stratégiques à l’international.”
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Total et LVMH bien placés
Spécialiste de l’intelligence économique, le cabinet de
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Total et LVMH bien placés
Spécialiste de l’intelligence économique, le cabinet de conseil Vélite accompagne les équipes dirigeantes de grands groupes dans leur conquête de marché en France et à l’export. Il les aide à “mieux décoder leurs marchés et à gagner des appels d’offre stratégiques sur les cinq continents”. Le cabinet a collecté et passé au crible environ 2.500 données pour établir ce palmarès. Un travail de bénédictin mené avec la collaboration de Frédéric Gonand, docteur en économie, professeur associé à Dauphine et ancien conseiller de Christine Lagarde à Bercy. Pour mener les travaux, il a d’abord fallu définir la souveraineté. Selon Vélite, elle consiste à “augmenter et protéger la puissance économique d’un état de telle sorte qu’elle bénéficie à l’ensemble de sa population et de ses territoires”. Vélite a conçu les indicateurs et réalisé ses analyses à partir d’investigations documentaires et de sources ouvertes.
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A cette aune, derrière Thales, Safran brille pour son indépendance, comme pour son activité dans le dépôt de brevets. Le classement fait aussi la part belle au secteur de l’énergie. Total se distingue sur le critère de la puissance économique, “typique de l’énergie, car le groupe est incontournable pour l’accès aux ressources vitales du pays”, explique Pierre-Marie de Berny. Il est porté par l’innovation et “sa très bonne réputation dans le monde qui contribue à l’image de la marque France”. Le leader mondial du luxe LVMH profite notamment de son indépendance “sur le modèle des entreprises familiales comme Dassault et Bouygues” et devance L’Oréal, Hermès et Kering.
ArcelorMittal, bon dernier
A contrario, le classement sanctionne plusieurs de nos grandes entreprises cotées. Teleperformance ne compte que 23% d’actionnariat français et Pernod-Ricard 25%. Legrand et Publicis ne donnent pas d’informations sur plus de 80% de leur actionnariat et n’indiquent pas leurs emplois en France. Bon dernier, ArcelorMittal “s’illustre par de nombreuses destructions d’emplois dans les territoires depuis son passage sous pavillon indo-néerlandais en 2006”, explique Pierre-Marie de Berny. La souveraineté tricolore a sa lanterne rouge.
Méthodologie: Cinq critères pour noter les entreprises du CAC 40
Vélite utilise une méthodologie de l’OCDE pour évaluer la contribution d’une entreprise du CAC 40 à la souveraineté économique de la France. Et distingue 5 rubriques regroupant 19 indicateurs. – Le savoir-faire (“know how”), mesuré à partir de l’activité de R&D (brevets, moyens mobilisés, formations spécifiques). – La contribution au développement économique du territoire et à la solidarité nationale, mesurée à partir du nombre d’emplois créés en France et de son évolution, de la solidarité avec les PME françaises, et de l’intensité des actions sociales. – La contribution au rayonnement et à l’influence française (“soft power”): réputation médiatique, actions de promotion de la langue française, sponsoring et partenariats. – La contribution à la puissance économique française (“hard power”): rang mondial sur une activité critique, capacité d’investissement, acquisitions et chiffre d’affaires à l’international. – L’indépendance vis-à-vis de puissances étrangères: nationalité des actionnaires et du top-management, vulnérabilité à une OPA, localisation et protection des activités critiques, sensibilité aux enjeux d’intelligence économique. Les indicateurs sont pondérés en fonction de leurs rangs. La totalité de la méthodologie est accessible sur cabinet-velite.com.