Les actionnaires de Total ont largement soutenu vendredi la stratégie climatique de la direction, seule une minorité se rebellant, tandis que le changement d’identité en TotalEnergies a été plébiscité.
Après des assemblées générales dominées par la question climatique chez ses concurrents Chevron, ExxonMobil ou Shell, la direction du groupe français avait soumis pour la première fois au vote une résolution consultative sur le climat.
Celle-ci a été largement approuvée, à 91,88%, malgré l’opposition de plusieurs actionnaires qui réclamaient une stratégie plus ambitieuse.
Son approbation ne faisait guère de doute, mais des ONG de défense de l’environnement avaient espéré compter environ 15% de rebelles.
Les actionnaires “perçoivent un véritable processus sincère de transformation et ont fait de ce vote l’approbation d’une stratégie audacieuse et exigeante”, a estimé le PDG Patrick Pouyanné, dont le mandat a été renouvelé.
Une autre résolution moins controversée, pour acter le changement de nom de l’entreprise en TotalEnergies, a été validée à plus de 99%. “Elle marque notre volonté collective d’inventer un nouveau Total, une compagnie multi-énergies, acteur majeur de la transition énergétique”, a commenté M. Pouyanné en dévoilant un nouveau logo multicolore.
Total, encore très associé au pétrole, veut ainsi montrer qu’il est aussi très présent dans le gaz et, de plus en plus, dans l’électricité et les énergies renouvelables, qui doivent représenter 20% des investissements cette année.
Le groupe met aussi en avant ses ambitions climatiques avec des objectifs pour 2030 sur le chemin de la neutralité carbone visée en 2050.
S’agissant des produits énergétiques utilisés par ses clients (comme l’essence brûlée dans les voitures), sur un périmètre dit “scope 3”, Total s’engage par exemple à ce que les émissions aient reculé dans le monde d’ici 2030 par rapport à 2015.
– “activistes” –
Plusieurs investisseurs avaient annoncé qu’ils voteraient contre la résolution de la direction, estimant les efforts en faveur du climat trop timides.
La société de gestion Meeschaert AM avait ainsi demandé “l’arrêt de l’exploration de nouveaux gisements pétroliers et gaziers”.
Cela alors que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de presser le monde d’oublier dès “maintenant” tout nouveau projet d’exploration pour garder le réchauffement sous contrôle.
Le fonds néerlandais Actiam avait aussi estimé que “la stratégie n’était pas à la hauteur”.
Patrick Pouyanné a ironisé vendredi sur “ceux qui se comportaient plus comme des activistes que comme des actionnaires”.
L’an dernier, onze investisseurs (La Banque Postale, Crédit Mutuel, Meeschaert…) avaient proposé une résolution pour contraindre Total à des objectifs climatiques plus ambitieux.
Combattue par la direction, elle avait alors été rejetée par les actionnaires, mais avait tout de même engrangé 16,8% de voix favorables.
Par ailleurs, 33 investisseurs de la coalition Climate Action 100+, engagée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ont écrit à la direction pour lui demander de préciser sa stratégie.
Le déclin de la production d’hydrocarbures “doit commencer avant 2030, en particulier pour le pétrole”, soulignent les signataires, qui comptent Axa, Amundi ou HSBC.
Le cas de Total n’est pas isolé: après avoir été longtemps critiquées par les défenseurs de l’environnement, les entreprises du secteur sont désormais sous la pression croissante des investisseurs.
Du côté de Shell, une résolution en faveur d’objectifs plus ambitieux – et non soutenue par la direction – a récemment obtenu un peu plus de 30% des votes. Sans compter que la justice néerlandaise a exigé de la compagnie qu’elle relève ses objectifs de réduction des émissions.
Les actionnaires d’ExxonMobil et de Chevron ont voté mercredi pour forcer les géants américains à lutter plus énergiquement contre le changement climatique. Un fonds activiste va notamment être représenté au conseil d’administration d’Exxon.