Le géant français de l’énergie TotalEnergies a annoncé l’interruption de ses investissements financiers dans les sociétés du groupe indien Adani après l’inculpation de plusieurs hauts responsables par la justice américaine au mois de novembre. Cette décision intervient alors que les autorités des États-Unis accusent le conglomérat indien d’avoir versé des pots-de-vin pour obtenir des contrats lucratifs dans le secteur des énergies renouvelables.
Dans un communiqué, TotalEnergies a affirmé qu’elle n’avait pas été informée d’une enquête en cours aux États-Unis visant Adani Green Energy. L’entreprise a précisé qu’elle suspendrait tout apport financier supplémentaire dans ses partenariats avec les entités du groupe Adani tant que les accusations et leurs implications ne seront pas élucidées.
« TotalEnergies n’a pas eu connaissance d’une quelconque enquête relative à un schéma de corruption présumé », a déclaré la société, soulignant son engagement à surveiller de près l’évolution de la situation.
Le partenariat entre TotalEnergies et le groupe Adani remonte à janvier 2021, lorsque la société française a acquis 19,75 % des parts d’Adani Green Energy. Cette acquisition a été réalisée après qu’Adani Green Energy a remporté ce qui était alors le plus grand contrat solaire au monde. Cependant, certains des paiements suspects auraient été effectués peu après cet investissement.
Outre cette participation, TotalEnergies détient également 37,4 % du capital d’Adani Total Gas, ainsi qu’une participation de 50 % dans trois coentreprises de projets renouvelables avec Adani Green Energy. Deux de ces partenariats auraient été conclus après que les autorités américaines ont saisi des preuves dans le cadre de leur enquête sur Sagar Adani.
Répercussions boursières et financières
Les entreprises du groupe Adani ont enregistré des pertes colossales en bourse suite à l’annonce de l’inculpation. En une seule journée, leur valeur de marché combinée a chuté de 26,5 milliards de dollars. Les actions d’Adani Enterprises, la société phare du conglomérat, ont reculé de 22,6 %, tandis qu’Adani Green Energy et Adani Energy Solutions ont vu leurs cours baisser respectivement de 18,8 % et 20 %. Plusieurs autres entités du groupe ont également été affectées.
Cette crise pourrait compliquer les projets de levée de fonds du groupe. Selon Moody’s, les nouvelles accusations représentent un risque crédit majeur pour les entreprises d’Adani, réduisant leur capacité à attirer des financements auprès d’institutions de premier plan.
Une crise aux répercussions internationales
Les conséquences des accusations ne se limitent pas à l’Inde. À Sydney, les actions de GQG Partners, gestionnaire d’actifs basé aux États-Unis et investisseur dans plusieurs filiales d’Adani, ont chuté de 19,3 %. GQG détient des participations significatives dans Adani Enterprises, Adani Green Energy et Adani Ports.
Par ailleurs, Adani Green Energy a annoncé jeudi la suspension d’un projet d’émission d’obligations en dollars en raison des procédures judiciaires en cours aux États-Unis.
Sur le plan politique, les opposants au Premier ministre indien Narendra Modi, considéré comme proche du groupe Adani, ont intensifié leurs critiques. Le Congrès national indien a renouvelé ses appels à une enquête parlementaire sur les pratiques du conglomérat, qu’il accuse de monopoliser des secteurs clés de l’économie indienne tout en exacerbant les inégalités.
Cette affaire s’ajoute aux turbulences précédentes subies par le groupe. En janvier 2023, le rapport de Hindenburg Research avait déjà soulevé des allégations de manipulation boursière et d’autres irrégularités, entraînant une chute de 130 milliards de dollars de la valeur de marché des entreprises Adani.