Un mécanisme « juste », pénalisant les produits issus de pays aux normes climatiques moins strictes, sera nécessaire aux frontières de l’Union européenne pour lutter contre le réchauffement de la planète, plaident 20 ministres européens dans une tribune publiée jeudi sur le site américain Politico.
La Commission européenne présentera son projet de « mécanisme d’ajustement carbone à la frontière » le 21 juin, a indiqué mardi le commissaire à l’Economie, Paolo Gentiloni, lors d’une conférence sur le sujet organisée par le gouvernement français : ce mécanisme, qui sera ensuite soumis aux Etats membres, « soutiendra l’ambition climatique de l’Europe », a-t-il dit.
L’architecture n’est pas arrêtée mais pourrait s’approcher du système d’échange de quotas d’émissions (ETS) de l’UE, a-t-il indiqué, assurant que « l’Europe veut construire une solution en coopération avec ses partenaires commerciaux, dans le plein respect de ses engagements internationaux », notamment à l’OMC.
Ce système est nécessaire pour « lutter contre les fuites de carbone », plaident dans leur tribune les ministres d’Espagne, France, Autriche, Danemark, République tchèque, des Pays-Bas ou encore de Lituanie.
Alors que l’UE renforce ses objectifs climatiques, ces « risques de fuites croissent », notent-ils : les entreprises peuvent être tentées de produire là où les contraintes sont moins fortes. Ils appellent à un mécanisme carbone « efficace, juste, équitable », qui serait « graduel », d’abord sur des « secteurs pilotes », et « prenant en compte le niveau de développement des pays tiers ».
« Les instruments existants ne permettent pas d’atteindre les objectifs » climatiques de l’Union, a aussi justifié le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire lors de la conférence. Et « nos efforts (climatiques) ne doivent pas entraîner une délocalisation de la production ni se traduire par une augmentation des émissions de gaz à effet de serre ailleurs », a-t-il dit.
Cette mesure « ne relève pas du protectionnisme », a déclaré de son côté le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. « Ses règles seront conformes aux règles de l’OMC, elles répondront à une finalité strictement environnementale », sans être « discriminatoires » à l’égard des producteurs non-européens, a-t-il insisté.
Approuvée par le Parlement européen le 8 mars, la proposition d’un « ajustement des émissions de carbone » aux frontières entrerait en application en 2023.
Le sujet fait l’objet d’inquiétudes hors d’Europe. John Kerry, l’envoyé de Joe Biden sur les questions climatiques, a exprimé sa « préoccupation », appelant à garder ce type de mesure « en dernier ressort », a-t-il dit au Financial Times.