Un réseau de fraude au CPF démantelé à Trappes

Un réseau criminel sophistiqué a orchestré une vaste escroquerie à Trappes, une des zones les plus défavorisées de la banlieue parisienne, en exploitant le Compte Personnel de Formation (CPF) et l’Assurance maladie pour détourner des millions d’euros. L'enquête révèle des opérations complexes de fraude et de blanchiment, exposant l'évolution des arnaques financières et la complicité de certains acteurs du secteur public.

Deux hommes, âgés de 27 et 32 ans, ont été inculpés pour escroquerie en bande organisée, blanchiment et association de malfaiteurs après près de deux ans d'enquête. Ils sont accusés d'avoir détourné des fonds publics via un réseau de fraude sophistiqué, en ciblant principalement le CPF et les fonds de l’Assurance maladie, puis en blanchissant l'argent à travers des sociétés-écrans.

Tout a commencé en décembre 2022, lorsque des investigations sur un trafic de drogue ont mené les autorités à découvrir un complot financier bien plus vaste. Ce qui semblait être une affaire liée aux stupéfiants s'est transformé en une enquête révélant un stratagème inédit de fraude.

Le CPF, dispositif permettant à chaque salarié de cumuler jusqu’à 5 000 euros de crédits de formation, a été détourné. Les fraudeurs, utilisant des documents falsifiés et des identités usurpées, ont créé des demandes de remboursement au nom de sociétés fictives. Les fonds détournés, estimés à 16 millions d'euros, ont transité par des entreprises-écrans, avant d’être blanchis via des comptes bancaires intermédiaires.

L’Assurance maladie a également été ciblée. Les fraudeurs ont produit de faux justificatifs médicaux et monté des associations fictives pour obtenir des aides à l’acquisition de fauteuils roulants électriques, d'une valeur pouvant atteindre 10 000 euros chacun. Cette escroquerie a généré des millions d’euros supplémentaires.

L'affaire prend une tournure plus inquiétante encore avec l'implication présumée de membres des forces de l’ordre. Deux policiers et deux gendarmes sont soupçonnés d’avoir facilité le blanchiment en accédant à des informations confidentielles sur les véhicules saisis, permettant ainsi le détournement des fonds.

Pour blanchir l’argent, les criminels ont mis en place un système de faux contrats de leasing et de fausses factures. Les fonds passaient par des entreprises fictives basées au Maroc, permettant aux chefs du réseau de récupérer l’argent via un circuit de compensation sophistiqué. Ce stratagème masquait l’origine illicite des fonds tout en les réinjectant dans l'économie légale.

Le 17 septembre, la brigade de répression du banditisme de Versailles a arrêté les premiers suspects à Trappes. Les perquisitions ont permis de saisir du matériel informatique et des téléphones, renforçant les preuves contre eux. Certains membres du réseau étaient de simples exécutants, tandis que les figures centrales avaient des connexions avec un caïd basé à Dubaï.

Les deux autres suspects ont été interpellés le 23 septembre à Marly-le-Roi et Trappes. Leurs avocats n'ont pas encore commenté l’affaire. Cette escroquerie pourrait bien marquer un tournant dans la lutte contre les fraudes financières complexes, soulignant l'urgence de renforcer les dispositifs de surveillance des fonds publics.

L'enquête se poursuit, avec un intérêt particulier pour les connexions internationales et les flux financiers. Les autorités craignent une implication de réseaux plus vastes, et le montant total des escroqueries pourrait encore augmenter à mesure que les investigations avancent.

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