“Cette filière, comme d’autres, traverse une crise et il n’est pas question de la laisser tomber et d’abandonner l’objectif de 18% de la surface agricole française en bio en 2027”, a déclaré à l’AFP le ministre, à l’occasion des Assises de l’agriculture et de l’alimentation biologiques.
Devant les acteurs du secteur, il a annoncé le versement en 2023 de 5 millions d’euros supplémentaires au Fonds Avenir Bio, dont “les critères vont évoluer afin de pouvoir financer davantage de projets”, et une participation de l’Etat à hauteur de 750.000 euros à l’Agence Bio pour le déploiement d’une nouvelle campagne de communication.
Les moyens supplémentaires alloués à l’Agence bio visent à engager d’ici à la fin de l’année des études pour avoir “une compréhension plus fine de la crise, et notamment des motifs de diminution de la demande”, et pour réfléchir aux scénarios de consommation du bio à l’horizon 2040, a indiqué Marc Fesneau.
“L’augmentation de la demande en bio passe aussi par les commandes publiques. Aujourd’hui, on est à 6% des commandes en bio en restauration collective. On a un travail à faire là-dessus avec les collectivités locales”, notamment pour augmenter la part de l’alimentation bio dans les cantines, a estimé Marc Fesneau.
Réflexion sur la structuration des filières
Avec les 5 millions d’euros annoncés par le ministre, le Fonds Avenir Bio, géré par l’Agence Bio et destiné à aider les producteurs à investir et valoriser leurs productions, sera doté au total de 13 millions d’euros, auxquels vont s’ajouter “2 millions d’euros de reliquat du plan de relance”.
Ces fonds additionnels doivent permettre d’engager une réflexion sur la structuration des filières, comme le secteur du porc bio qui subit aujourd’hui une crise particulièrement aiguë de la demande.
Tout en saluant l’engagement de l’Etat, le président de la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab), Philippe Camburet, a regretté que le ministre n’ait annoncé “aucune aide directe pour les producteurs”.
“Tout cet argent, qui va être utile pour communiquer sur la filière, ne va pas aider des agriculteurs en détresse. C’est la première fois qu’on est confronté à une telle crise et c’est la première fois que nous demandons des aides directes, comme c’est le cas pour d’autres filières”, a-t-il déclaré à l’AFP, évoquant notamment le soutien massif de l’Etat à la filière porcine conventionnelle, structurellement déficitaire.
Après dix ans d’une croissance à deux chiffres, le marché du bio est percuté de plein fouet par l’inflation, les consommateurs se rabattant sur des produits alternatifs, moins chers.
Selon le spécialiste de l’analyse de données de consommation IRI, le chiffre d’affaires des produits bio va diminuer pour la deuxième année consécutive. A fin octobre 2022, la baisse des ventes sur un an s’élève à près de 5%.
Actuellement, la France compte 56.000 fermes bio, pour 10,3% de la surface agricole utile.