Vers une hausse des taxes sur l’électricité plus élevée que prévu

Le gouvernement français envisage une hausse significative des taxes sur l’électricité dans le cadre de ses efforts pour équilibrer le budget 2025. Cette décision pourrait entraîner une augmentation des factures pour de nombreux consommateurs, en particulier ceux ayant souscrit des contrats à prix fixe sur le marché.

Actuellement, le ministère des Finances travaille sur une révision de la Taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité (TICFE), qui pourrait dépasser le seuil de 32,44 euros par mégawattheure (MWh), niveau en vigueur avant la crise inflationniste. Pour rappel, afin de contenir les prix de l’électricité, qui avaient fortement augmenté en 2022 en raison de la guerre en Ukraine et de la réduction de la disponibilité des réacteurs nucléaires, le gouvernement avait mis en place un bouclier tarifaire, abaissant la TICFE à son minimum autorisé par l’Union européenne, soit 0,5 euro/MWh.

Depuis la mise en place de ce bouclier, le gouvernement a progressivement réajusté la TICFE. Actuellement fixée à 22,50 €/MWh, cette taxe a déjà permis à l’État de récupérer environ 6 milliards d’euros. À partir du 1er février, il est prévu qu’elle atteigne à nouveau 32,44 €/MWh. Cette augmentation, bien que considérée comme un retour à la normale, pourrait avoir des répercussions sur les factures des consommateurs, malgré une baisse des prix sur les marchés de l’électricité.

En juin dernier, l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait promis une réduction de 10 à 15 % des factures d’électricité pour tous les Français à partir de février. Toutefois, cette promesse semble compromise par la crise budgétaire actuelle. Des sources proches du dossier confirment qu’un mécanisme global est à l’étude, visant à dépasser la hausse initialement prévue pour février, en lien avec la fin du bouclier tarifaire. Ce mécanisme, encore en phase de développement, nécessite des arbitrages complexes.

La question de l’impact de cette hausse de la TICFE est particulièrement délicate. Sur environ 30 millions de ménages abonnés à l’électricité, 18 millions bénéficient du tarif réglementé, tandis que 12 millions sont sur des offres de marché, soit indexées sur le tarif réglementé, soit à prix fixe. Si la hausse de la TICFE est appliquée, les consommateurs au tarif réglementé ne devraient pas voir leur facture augmenter. En revanche, ceux sous des contrats de marché pourraient faire face à une hausse significative.

Les prévisions indiquent que la promesse d’une réduction de 10 % pourrait se transformer en une baisse de seulement 9 %, soit une économie de 110 euros par an pour près de 80 % des foyers. Pour les abonnés aux offres de marché, l’augmentation des factures dépendra de la réaction des fournisseurs d’électricité. Chaque abonné a également la possibilité de changer pour une offre moins coûteuse, ce qui pourrait atténuer l’impact financier.

Les inquiétudes grandissent au sein d’EDF, où l’on constate une augmentation des demandes d’aide liées à la précarité énergétique. Une source au sein de l’entreprise souligne que la situation devient de plus en plus difficile pour les ménages à faibles revenus, qui sont souvent moins bien équipés en matière d’isolation et de confort thermique. Un expert en budget avertit que cette situation pourrait engendrer des tensions sociales, rappelant le mouvement des Gilets jaunes, qui avait été déclenché par une hausse des taxes sur les carburants.

Les prix de l’électricité ont déjà augmenté de 45 % en deux ans, et une hausse supplémentaire de la TICFE pourrait être perçue comme une mesure particulièrement sévère dans le cadre du projet de loi de finances. Les parlementaires s’inquiètent des répercussions potentielles sur la population, évoquant un possible retour de mécontentement social.

Le retour de la TICFE à 32,44 euros pourrait permettre à l’État de récupérer 3 milliards d’euros. Si le gouvernement décide d’augmenter cette taxe à 37 euros/MWh, cela pourrait générer 1,5 milliard d’euros supplémentaires. Toutefois, la réaction du président de la République face à ces mesures reste floue. Une source indique qu’il préfère ne pas s’impliquer directement dans les décisions gouvernementales concernant la fiscalité.

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