Bruno Le Maire a confirmé que le barème de l’impôt sur le revenu serait cette année sensiblement revu à la hausse pour s’aligner sur la hausse des prix. Il n’est pas question de revenir sur la règle de l’indexation des seuils applicable aux cinq tranches de l’impôt sur le revenu, comme certains semblaient le redouter.
La non-indexation en 2011 et 2012, avait eu pour effet d’augmenter les deux années suivantes le nombre des foyers imposables, suscitant surprise et colère chez les contribuables habitués à ne pas payer d’impôt sur le revenu (IR).
Cet effet aurait été encore plus important l’an prochain compte tenu du niveau de l’inflation. Prenons le cas d’un couple sans enfant de salariés payés au smic. Paul touche un treizième mois, mais pas Marie. Le revenu du couple déclaré cette année atteint ainsi 30.899 euros.
Cette année, si on en croit le simulateur officiel de la direction générale des finances publiques, Paul et Marie n’ont rien à payer au fisc, dès lors qu’ils n’ont pas d’autres revenus. Ils sont en dessous du seuil à partir duquel un couple sans enfant paie l’IR.
L’an prochain, compte tenu des revalorisations progressives du Smic (+5,9% entre mai 2021 et mai 2022) ils devraient déclarer 1387 euros de plus, soit une augmentation de leurs revenus de 4,5%. Sans l’indexation du barème, ils seraient assujettis à l’impôt sur le revenu (IR) et devraient verser 69 euros au fisc, alors que leurs revenus n’auront pas augmenté plus vite que l’inflation. Mais avec l’indexation, ils resteront non imposables.
Cette revalorisation du barème que Bercy anticipe pour le moment à 5% aura aussi un effet bénéfique sur les impôts des contribuables qui paient l’IR. Prenons le cas de Catherine, retraitée divorcée, qui touchait l’an passé 1500 euros de retraite de base et 692 euros de retraite complémentaire. Total de ses revenus pour l’année 2021: 26.300 euros. Si elle n’a pas d’autres revenus, le montant de son impôt s’élève, selon le simulateur officiel, à 1088 euros.
Avec la double revalorisation de la pension versée par la sécurité sociale (+1,1% au 1er janvier et +4% au 1er juillet), et sans augmentation avant la fin de l’année de sa retraite complémentaire, gérée, elle, par les partenaires sociaux, elle aura touché cette année 627 euros de plus qu’en 2021 soit une hausse de ses revenus de 2,4%. Or sans indexation du barème, cette retraitée aurait vu son impôt sur le revenu passer à 1249 euros, soit près de 15% de plus alors que son pouvoir d’achat aura baissé.
Avec les 5% d’indexation que le fisc prévoit, pour le moment, cette même contribuable verra au contraire ses impôts légèrement baisser puisque l’augmentation de ses revenus aura été deux fois inférieure. Et d’une façon plus générale, tous les salariés, professions libérales, artisans, retraités dont les revenus auront augmenté de moins de 5% cette année feront le même constat. Bercy s’attend d’ailleurs à un manque à gagner de plusieurs centaines de millions d’euros.