La stratégie d’innovation de Xiaomi, traditionnellement centrée sur les smartphones et les appareils électroniques, a pris un tournant décisif suite à des sanctions imposées par l’administration Trump. Cette décision, intervenant au début de l’année 2021, a agi comme un catalyseur inattendu, incitant la société à explorer le secteur en pleine expansion des véhicules électriques (VE). Lors d’un événement marquant à Pékin, le PDG Lei Jun a partagé les circonstances qui ont conduit Xiaomi à se lancer dans cette nouvelle aventure.
L’annonce des sanctions a été perçue par Lei comme un choc monumental. « J’ai reçu un appel d’un ami qui m’informait que nous avions été mis sur liste noire. Cela a été un véritable coup de tonnerre », a-t-il déclaré. Face à cette situation de crise, Xiaomi a réagi rapidement en convoquant une réunion d’urgence de son conseil d’administration, posant ainsi les premières pierres de son projet automobile.
Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, Xiaomi s’est résolue à développer un véhicule électrique, un secteur jugé complexe mais potentiellement lucratif. « Si les sanctions américaines n’avaient pas eu cet impact dévastateur, nous n’aurions probablement pas pris la décision audacieuse de nous lancer dans l’automobile », a précisé Lei. Ce changement de cap témoigne de la capacité d’adaptation de l’entreprise face à des défis imprévus.
Au cours de cet événement, Lei a également présenté le modèle SU7, une voiture électrique au design inspiré des marques de luxe telles que Tesla, BMW et Mercedes. Avec un prix d’entrée inférieur à 30 000 dollars, le SU7 vise à séduire un large éventail de consommateurs. Ce lancement a suscité un intérêt considérable, attirant plus de 1,5 million de spectateurs en ligne.
Xiaomi a contesté les sanctions devant la justice américaine, obtenant un jugement favorable en mai de la même année. Ce revirement a permis à l’entreprise de poursuivre ses ambitions dans le secteur automobile sans les entraves initialement imposées. Au même moment, Lei annonçait le début du développement du SU7, un véhicule électrique sportif qui pourrait révolutionner le marché.
En dépit des défis, Xiaomi a choisi de ne pas recourir à des financements externes pour le développement de ses véhicules électriques, refusant une offre de capital-risque évaluant l’entreprise à 10 milliards de dollars. Cette décision stratégique souligne la volonté de Xiaomi de conserver le contrôle sur son projet tout en naviguant dans un secteur hautement compétitif.
Les ambitions de production sont significatives, avec un objectif de 100 000 unités du SU7 à livrer d’ici la fin de l’année, dépassant largement les prévisions initiales de 76 000 véhicules. À la fin juin, plus de 25 000 véhicules avaient déjà été livrés, avec des prévisions optimistes d’atteindre les 100 000 d’ici novembre. Lei a exprimé sa gratitude envers les événements de 2021, affirmant que les sanctions avaient finalement poussé l’entreprise à diversifier ses activités pour éviter un impact négatif sur ses ventes de smartphones.
Actuellement, le SU7 n’est disponible que sur le marché chinois, mais les ambitions de Lei vont au-delà des frontières nationales. L’objectif ambitieux est de faire de Xiaomi l’un des cinq principaux constructeurs automobiles au niveau mondial. Cette vision s’inscrit dans une dynamique où le secteur des véhicules électriques est en pleine mutation, avec des acteurs établis face à une concurrence croissante.
Parallèlement, Donald Trump, lors de son discours d’acceptation pour l’investiture républicaine, a évoqué l’importance de l’industrie des véhicules électriques, promettant de supprimer les réglementations strictes sur les émissions. Il a également annoncé son intention d’imposer des droits de douane élevés sur les véhicules électriques chinois fabriqués au Mexique, tout en exprimant son soutien aux investissements chinois sur le sol américain.
Dans ce paysage en constante évolution, la décision de Xiaomi de se lancer dans la production de véhicules électriques représente non seulement un tournant stratégique pour l’entreprise, mais également une réponse proactive aux défis économiques et politiques contemporains. Ce développement illustre comment les entreprises peuvent transformer des adversités en opportunités, s’engageant ainsi dans une nouvelle ère d’innovation et de compétitivité sur le marché mondial.